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Trois poèmes de guingois

Christian TRITSCH

 

 

 

 Poèmes de guingois

 

 

 

L’œil est une culasse aux pensées de l’arrière. C’est une poupée qui flanche, détale, et rit devant les pieuvres aux tentacules lovées sur lui. C’est une marelle qui mène au ciel. L’iris est un encrier. Les cils, des souliers. Les paupières, deux couvercles, puis deux tombeaux.

Gare aux clin d’œil hâtif ! Il risque le fouillis. Aigri tel le cumulus au pot-au-noir. Il iceberg sans jamais fondre.

 

***

 

Dans les tapis d'Ispahan, des barbes drues se cachent, au milieu de moustaches, et d’épices multicolores. Les voiles de femmes fantasment des lubricités grosses et repentantes, génuflexions affligeantes et allégeantes de messieurs d’avant l’écriture. Car ceux-ci n’écrivent que des ratures, des pendaisons et des serments.

 

***

 

La carlingue flotte entre deux masses blanches. Collée au hublot, Tabata mitraille sans l’œil. Un simple clic que tout de go le hublot se ferme. Trop de lumière aveuglante pour admirer en paix son Smartphone, ses capacités nouvelles, ses jolies couleurs. C’est une technologie de plastique, d’ondes magnétiques et électriques, de satellites traçant des courbes solaires, et tout tient dans sa paume comme un dieu ! Les pixels incroyablement nombreux l’ensorcelle !...

 

Aussi la chance d’avoir pris cette photo aérienne, ce soleil posé sur un cumulus, rêvant déjà de pieds sur Terre, d’abribus et de somnifères, pressée de partager la vue à son réseau tout entier. WhatsApp, Facebook, Snapchat, X et Instagram : ballon prisonnier. Se promettant de choisir une musique douce dans un fichier mp3. De poster sur YouTube l’image enrubannée de notes. S’enfonçant dans un siège confortable, fermant des yeux lourds et sans un regret de trop vers le hublot, Tabata jouissait dans un reniement himalayen, ronflait comme un gros chat devant l’âtre rassurant, attendait impatiente que l’avion atterrisse, que la foule de passagers se dresse. Dès la chaussure sur le tarmac, sans plus aucune œillade vers le ciel esseulé, seulement inspirant lorsqu’on navigue en son milieu, Tabata décoche le mode avion et redevient une enclume.

 

***

 

 

 

 
 
 

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