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Poésies pour un monde à plat


 

LES MOTS EST UN JEU

Dada révolution bombes à fragments

Lancées par des hommes neutres

En tranchées les moins pleutres

Autodétruisent académiquement

 

Crevel à crevé

Man Ray est rayé

Picabia hue et à dia

Tzara t’aura

Breton sur tous les tons

Delaunay ni meurt

Soupault poule au pot

Ernst boche pré-bicot

Cerveaux cousins et bœufs

Les mots est un jeu

 

 

PEAU DE BELLE

L’agonie de l’amitié

Portrait d’une inconnue

Quand tout est faussé

Peau de belle cul nu

Idées explosives

Avec leurs grosses caisses

Casernes lascives

Eunuque que l’on fesse

 

 

TON ABSENCE

Par un matin revêche

Elle se faufile énorme

Blottie dans un buisson

Derrière une allée

Sous une souche coupée

Dans l’eau d’une coupelle

Elle est glaçante et difforme

Avide de se montrer

Ton absence

 

 

UN MONDE A PLAT

Faisant couler des poèmes

Je rêvais d’un monde à plat

Pour passer le temps

 

Mobilisé dans une antre d'aliénés

Je ne vous ai plus quitté

Belles amputations affreuses

Douce atmosphère déplorable

 

Je vis arriver vos uniformes

Heureux de subir vos influences

Agressives ironiques ubuesques

Une feuille de rose à la main

Tremblant sous le vent timide

 

Un malaise profond d’avant-garde

Des anthologies de moi-même

Le manifeste Bible Coran et Torah

Imbécilités du rien au carré

 

Écrits sans gène repère ni contrainte

Un désespoir d’élucubrations

Du dadaïsme surréaliste

Je suis un fumiste comme vous tous

 

 

PRO MESSE

S’unir

Coaguler

Saigner d’un pas léger

Vers l’avenir miroir

Du désir étendard

Sans trahir trois fois

 

 

CONCIERGE 

Je suis un peu concierge

Je chine les souvenirs

Les miens les vôtres les volés

D’autres planètes à habiter

Des souvenirs arbrisseaux

Que j’arrose ente et surveille

Devenant choristes merveilles

Aux nuances précieuses

Je trempe ma mélancolie

À cette étagère étrangère

 

 

SANCTUAIRE

L’homme accepte mal d’être roi nu

Il finit à l’égout s’amourache de tout

Dieu incarné comme l’ongle 

Sa chair tremble sous la lune

Tout l’alcool vous pouvez imaginer

Les effets lubriques ivre mort

Les rencontres imprévues les artistes

Dans la rue on est chez soi

 

Nous rêvions ensemble le grand bal

De Montparnasse au café de la Galette

J’étais là tu voulais lire quelques pages

Sur les belles ébahies de petite vertu

Comme des doubles réfléchissant

Deux solitudes vagues destituées

Les dernières des cinq heures du matin

Sous les boissons tango les cacahuètes

Existe dans l’air une mélodie perdue

Sanctuaire qui n’a nulle porte

 

 

OUBLIEZ-MOI

Oubliez-moi par petits bouts

Par morceaux jeter moi à l’amer

Comme un nuage pied bot et hésitant

Je veux sortir de la vie éphémère

Celle qui dégobille nonchalante

Sa brocante de souvenirs

Ses affres d'Alzheimer

Ce gouffre délirant

Où je n’étais pas

 

 

 

DADAÏSTES

Les anges de la solitude

Ont l’impression de respirer la liberté

Dans un boom extraordinaire

Les cocktails brillent dans leurs verres

On ne sait plus très bien qui paie

Flânant d’un café l’autre

Où vous attendent des marécages

Des paradis violents

 

Après avoir gagné leurs guerres

Surréalistes et dadaïstes des boulevards

Ont ouvert le feu les premiers

A l’assaut de vies sans issues

Mystique publique scandales fabriqués

Démonstrations forcenées exaltées

Les ennemis d’un bord et de l’autre

Les exclus malproprement dits

Boules puantes cassées par boîtes de 50

Au milieu d’un tas de réveillonneurs

Buvant des boissons fortes et rotant

Prenant à parti les consommateurs

Elégante violence du langage

Littérature peintures et happenings

Comme dix grands soirs recommencés

 

 

GOURMANDISE 

Ta bouche un monde entier y tient

Un bâton dansant y descend

Un rouge-gorge sifflant

Un juron s’y secoue

Un mot s’y glisse

Un rêve s’y effraie

Un sexe s’y éveille

Ta bouche un monde entier y vient

 

 

ADIEU

Tout est dans les plis

Cuisses songes années nuages

Le visage blême déformé fuit

Une aube une volière une buée

 

 

CARPE MUETTE

Trouillomètre à zéro

Planqué adossé au mur

Rasant l’espace d’un trait léger

Fuyant comme une gouttière

Filant à l’entrechat d’allure

Carpe muette évitant les vers

Exil permanent pour aliénés

Une lucidité de taupinière

Perclus d’incessantes filatures

D’importunes pannes de voiture

De vaguelettes refusant la mer

Trouillomètre à zéro

 

 

ÉGALITÉ

J’ai rêvé vérité véhémente

Vérifiée véloce aux WC

Vélocipède en vrac

Boyaux vidés en sacs

Chambre à air vaurien

Va-nu-pieds vantard et venelle

Vilipendée vérité vaut celle

Que j’ai rêvé véhémente

Vérifiée véloce aux WC

 

 

SCAPHANDRIER

Redécouvrir un monde en-deçà de soi

Quand je me décide à creuser en moi

La belle époque celle où je m’ignorais

 

 

CONTRITION

A contrecœur monter un escalier

A contrecœur survivre aux jours nés

 

A contre-courant aller et penser

A contre-courant puiser épuisé

 

A contrechamp le ciel aveuglé

A contrechamp les vues dévoilées

 

A contre-feux sans éteindre l’incendie

A contre-feux même les jours gris

 

Du moment que je suis contre toi

 

 

BEAGLE

Ses poils comme des tapis persans

Économe d’une santé endormie

Enfoncée dans un fauteuil de velours

Sa tête aux accoudoirs avachie

Son sommeil une route de montagne

Où elle n’a jamais fini de monter

On croirait un aquarium glauque

Où le poisson immobile attend

Une pépite une oasis un banquet

Se passant de tout sauf de nourriture

 

 

PLAN-PLAN

Beau lit sarcophage

Bouée nageur débutant

Des heures en otage

Les autres en mourant

Dormir peu importe

Des rêves éveillés

Il faut que j’en sorte

Rêver en loucedé

 

 

ET PUIS UN JOUR

Je ne suis moi que seul

Ne profite des autres que par écueils

L’océan est infini et rond

Les îlots rares et pointus

La passion révèle la souffrance

Les bouffées de tendresse et d’amitié

Air de ballon baudruche percé

Lassé des coques froissées du silence

Et puis un jour tout est changé

 

 

MI-ALLEMAND

S’endormant sur la Dordogne

Les souvenirs s’en vont s’en viennent

Rembobinant ma langue ses vanités

Quelques petits tics pouvant entamer

Ma belle statue post mortem

Inventée nature des hommes

 

Porte-à-faux simulacre pardonne

L’autre fleuve nacré de la frontière

Vieux Rhin zébré bleu qui tonne

Miaulement fureur j’en suis fier

 

 

1871

Paris tes pavés glissants les gouttes

Font des miroirs ternes et ondulant

Des tralalas sombres et remuant

Jamais je ne t’ai mis en soute

 

Mes rêves encombrés de Rivoli

De Notre-Dame de Pont Neuf

De sur le toit le bœuf

Surréalité tout est permis

 

Voilà que mon cœur sacré trébuche

De Montmartre assiégée

Dans le rouge et la ruche

Avant que d’être érigée

Les cadavres s’égouttent

Aux lanternes élevées

Et Paris se redoute

Tel un taureau blessé

 

 

LA MUSE

A travers la nuit de la closerie des lilas

Apollinaire s’enivre en mal-aimé

Clopinclopant bras sous le bras

Virevoltent des mots alambiqués

 

Presque tous les dimanches

Les gifles qu’elle lui flanque

Lui la tête qui s’épanche

Elle l’absente et son manque

 

Être enjoué de rhum et de whisky

Durant de longues promenades

Que la nuit soit bleue ou nuit

Baisers tendres ou algarades

 

Il discute avec l’ombre remuante

Épilogue ou préambule

Qui sous les lueurs changeantes

Se montre se dissimule

 

 

GLAGLA

Brrr

Grelotier frisure de perlage

Gelificage manical de dentelures

Lèvrebouche collationnée

Gercement frontignal

Paupièrage givré

Canard froidier

Panard duriste et vitrifié

Brrr

Possèche et podure

Lividement l’effigure

S’épile et se pèle

Brrr

 

 

PROMENADE

Au bord de l’Ill un canard

Au bord du cil un connard

Et les deux font coin-coin

 

 

UN COIN OBSCUR

Assise dans un coin obscur

Prête à disparaître au moindre geste

 

Je voyage à l’envers

Un billet pour les années folles

Ta silhouette n’y a pas d’âge

Les peintres y font bouger l’air

Le bruit que font tes souvenirs

Et la distance qui nous sépare

Par paresse je m’y transporte

Comme un touriste trop crédule

Infranchissable métamorphose

Il faut ruser pour ce voyage

Nuit blanche et tête fatiguée

Femme d’autrefois adorée

Se prélasse dans le monde d’hier

Dépaysée de couleurs jaunies

Assise dans un coin obscur

Et cela me suffit

 

 

GARÇONNE 

Les saxos miaulent les pianos grincent

Les pieds deviennent fous

Sous nos yeux Montparnasse se Duke

Le Jazz noir fait les nuits blanches

 

Des cerises artificielles aux oreilles

Aux vieux orties le vieux tango

Rient les garçonnes aux corps épilés

A la silhouette sous-alimentée

 

Extravagance de femelles nouvelles

Quand la taille descend sur les fesses

Deux seins ronds deux yeux durs

Des anglaises une figure

 

Le charleston entonne et détonne

Man Ray dynamite son bal nègre

 

La garçonne 1925

La croupe nerveuse ma main crispée

D’une caresse inconsciente affolée

Danses l’une sur l’autre détachées

Accomplies avec splendeur

La répétition de gestes héréditaires

 

Vous dansez très bien

On recommencera

 

 

JOCONDE

Les moustaches de la Joconde

Glissent sous les joues rondes

D’une italienne féconde

Qui se fait un monde

Du monde à la ronde

Fixant sa maigre faconde

Elle qui était blonde

Du moins si on la sonde

Les paupières gonflées d’onde

Avant qu’on ne la tonde

 

 

ANIMAL 

Chaque animal est un paquet de joie

Une vie y sommeille ne la vois-tu pas

Ronronne ou jappe siffle ou silence

Une âme muette y glisse en errance

Deux yeux ronds deux ou quatre pattes

L’être sans parole que ta caresse flatte

Se souviendra de tout et plus et mieux

Car elles sont toutes bêtes à bon dieu

 

 

ASSEZ !

On parle pour ne rien nuire

Le jeu n’en vaut pas la dentelle

 

 

TRIBUS

Un gros n’avions vole dans le ciel

Dépassé par le regrettes-tu

Une scie coupe le conditionnel

Prêtres et rites de tribus

Col or bijoux sur les sommets

Gorges béantes auréolées de saints

Moutons ragoûts allons au baies

Aux cortines ne pas poser la main

 

 

CŒUR LENT

L’humble église au cœur lent

Dans le jardin apprivoisé

Au grand bonheur dévasté

S’est échappé innocemment

 

A peine si l’enfant bouge encore

L’humble église au cœur lent

C’est un péché absolument

Quitte l’arène dieu toréador

 

Pour l’empêcher de s’en voler

Brisant les fils nous reliant

L’humble église au cœur lent

Dessous la terre s’est enterré

 

Je donnerais les palais d’orient

La nuit le vent la neige le ciel

Que l’enfant soit éternel

L’humble église au cœur lent

 

 

BALL-TRAPP

Une pudeur de vieillard

Une vigueur de donzelle

Un vibreur et tant dard

Un manège carrousel

L’animal ball-trap

Cherche cherche cherche

Le jupon fripe dessape

Derche derche derche

 

 

PLATE

Acrobate et plate

La Terre disque rayé

Ô vérité cul de jatte

L'amer a débordé

 

Le poisson avance

Tout au bord tout au bord

Grande défiance

De passer à tribord

 

L’étoile planche à voile

Surfe de l’ourse polaire

Et le disque se voile

A son passage éclair

 

Rodéo reste en selle

S’accrocher aux branches

Séismes ribambelles

Rien n’est plus étanche

 

 

(Brunstatt, Janvier 2025)

 

 
 
 

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