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Poèmes aliénés

 

La folie est multiforme, l’amour en étant la forme la plus illuminée.

 

 

PSCHITT

On pourrait s’en aller

S'abêtir sur nos deux oreilles

Pétrir de nos mains des montagnes

Hautes et lointaines

On pourrait s’éclipser

Entre deux étoiles naines

Facétieux comme l’enfance

Et prétendre disparaître  

Pschitt

 

 

SOUS-MARINE

Sur des milliers de bars

Il y a plein de coquillages

Mettons nos gilets

Les jolies falaises

La côte d'Albâtre

Falaises effondrées

Se déversent dans la mer

Conditions musclées

La pêche nourriture

Librement je touche

Ça mord je mouline

Dérive du bateau

Je lâche le fil

Passe en-dessous

Mon premier bar

On va s’en saouler

Celui-là est mérité

 

 

FIL BLANC

La vérité cousue de fil blanc

Patchwork sur la table

Nappe immense indolore

Effondrée autant qu’un gouffre

Récite sa comptine dans une bulle

Complètement décalée  

Endiguée

Évacuée

Apaisée

 

 

OURSE

Depuis sa fondation

L'immonde gronde et boom

La bête bondissante roule

Véhiculée sur des corps noirs

D’étoiles mouvantes

Décor lacté au soir

Vapeur chambre à air

Transparente à nos yeux

Mille anneaux circulaires

Dépouillant leur chair ferme

D’ourse dans le ciel

 

 

LA MUE

Vieux costume du dictionnaire

Redingote cul à l’air

Mot mité retroussé

Sornette délavée

Du sens premier la pelure

Pêche en haute mer

De mots morts

Radeaux médusés

Par-dessus bord

 

Croire sur parole la parole

Bigoudi frisé du non-sens

Vérité brait ou vache folle

Le mot nie ce qu’il pense

 

Le mot toujours en cache un autre

Plus belliqueux qu’un dernier train

Dictionnaire où il se vautre

Où il se fait vaut rien

Le mot naphtaline

Empeste le déjà-lu

A poil dans les vitrines

Mendiant au coin des rues

 

 

CHAOS

Chaos achevé

Désapprendre

Se méprendre

Tout miner

 

 

FUNICULAIRE

Le ver de rosée

Sous la table

Glisse à nos pieds

Ivre de terre

Anneaux posés

Fier tunnelier

Creuse appliquée

Mille cimetières

Vrille de travers

Des nuits entières

Éparpillé

 

 

PARTIR 

Partir

C’est être contraint de faire des morts

D’abandonner à leurs sorts

C'est guérir

 

 

CALVAIRE

Gelé le lierre sur les troncs nus

La statue grise moisie de vert

Aux pieds couverts ballon perdu

Passe sa mort à découvert

Ne la protège nulle saison

L’été la brûle l’hiver durci

Avril les fientes papier carton

Septembre pleure sans parapluie

 

 

LES BEAUX JOURS

Les beaux jours de la condamnée

Tristesse méprisante et masquée

Figure transparente et nocturne

L’être vogue et rejoint Saturne

 

Une eau jaune déjà l’enserre

Agonise inconnue on t’enterre

Des larmes de douleur te protègent

Tatouage de neige qui allège

 

Amie une vie n’est pas une vie

C’est fumée sur des ossements

Buée matin au soir torrent

D’anciennes buées toutes réunies

 

 

QUARTIER LATIN

Quartier Latin

Perlimpinpin

La République

Coups de trique

Paris Bastille

Jeu de quille

Droit de l’Homme

Pom pom pom pom

Fraternité

Bé bé bé bé

Révolutions

Pimpon pompon

 

 

PARESSE

Pané n’est pas

Ravi et vira

Planez nez plats

Amour mourra

Rêve de verre

 

 

GREFFÉ À TOI

Comme l’enfant perd l’innocence

Musique greffée sur le silence

Je suis greffé à toi

Mille symphonies s’évadent de l’arbre

Corps silencieux rêvant du marbre

Je suis greffé à toi

Les ténèbres dansent frivoles et nues

Dans un recoin de corps dévêtus

Je suis greffé à toi

Ma langue file épaisse s’étale

Nombril alangui terreur d’animal

Je suis greffé à toi

 

 

L’ARAIGNÉE 

L’araignée bricole une toile

Artiste cathédrale

Œuvre gigantesque son échelle

Fils de soie pris en dentelle

 

Les meubles s'empoussièrent

Lui font un doux parterre

Une clairière grise

Qui la touche la brise

 

Apocalypse four

Dieu du septième jour

Jolie signature  

Huit pattes et dorure

L’araignée rit tout en bas

A droite de son canevas

 

 

ICI LE TEMPS

Ici le temps va nu pied

Il enrôle les heures

Les herbes hautes du côté

Bercent le nez d’odeurs

De sauge et de sarriette

Et l’épaule de Marinette

 

Ici les maisons sont des mas

Le vent s’y est épuisé

Les navires échoués là

Vous rendent naufragés

Sans espoir de conquête

Mais l’ombre de Marinette

 

Ici les mots sont silencieux

Les oiseaux recouvrent tout

Et les arbres jusqu’au cieux

Prient le tronc à genoux

Qu'un pas doux s'y arrête

Le pas doux de Marinette

 

 

ASILE

Aux marins de la folie  

Aux éboulis de la lubie

Familiarité d’un somme

Déserté des hommes

 

Lèvres remuantes

Paroles dévêtues

Prières chevrotantes

Mâchoires retenues

Brillantes par centaines

Les lumières dans leurs yeux

Enclumes quarantaine

Incendient tel l’aveu  

 

 

MIAM

Tes yeux en amande

Ton cœur d’artichaut

Haute comme trois pommes

Tu es bien trop chou

Je vais te croquer

 

 

PARDON

Je n’écris pas

Je ne crie pas

Je n’écris pas

Je ne crie pas

Je n’écris pas

Je ne crie pas

Je n’écris pas

Je ne crie pas

Je décime

 

 

LES VIEILLES PEINES

La vieille dort avec ses vieilles peines

Les dorlote les chérie

En surveille le goût moisi

Épie tout le voisinage

Pleine de son malheur

De peur qu’on le lui vole

 

Sur l’étendoir en farandoles

Tout son cimetière gémit

Époux vaincu amant en laisse

Trois chiens perdus d’ennui

Amitiés mortes dans le lointain

Espoirs ruinés santé médiocre

Sont rien qu’à elle gare aux vauriens

 

 

ÉCHO

La douce lune enamourée

Au soleil les traits acérés

Projette une ombre mousseline

Lumière sombre lumière fine

Étoile aveuglée nuit solaire

De son drap noir la mer enterre

L’écho sans fin l’écho sans fond

Suant des vagues tresses à son front

 

La lune est un bol de lait

Lape mon rêve lape

Sur la pelote pose ta patte

Griffe s’il le faut

Miaule à l’écho

Aux étoiles silencieuses

À la nymphe boudeuse

 

PEAU NEUVE

Sortir du cercle de la vie pratique

Faire peau neuve d’une vie sabbatique

Se renouveler loin du grand banal

Rêver ahuri les jolis scandales

Mourir quelque part gai amusé

De grands gestes de petits baisers

Autre contrée perchée de notre tête

Oiseau voltige que rien n’arrête

Ni faim ni froid ni trop douces agapes

Dans l’attente du hasard qui frappe

 

 

COMME GAUGUIN

Comme Gauguin l’a fait

Mourir avant de revenir

 

 

LA VIE RECOMMENCE

Ton amour me met au monde

Joie des corps qui se retrouvent

Comme l’eau claire de ton royaume

Une nudité où je suis présent

État privilégié de mon âme

Quand souffle près de moi la femme

D’un monde ancien soudain reparu

Et la vie recommence

 

 

MARCHANDS DU MAL

Ça sent la mort à plein nez

Les marchands de mal

Discours poétiques enflammés

Toujours dernier au bal

Du cimetière charnier

Jouer à la baballe

Ballon prisonnier

Les vaincus sous la dalle

Experts sur fesses gonflées

Sourires en cartouchière

Blablatent enamourés

Devant la foutre guerre

 

 

LE NID

La rue est une averse

Un nid de serpents

Le manteau de tous

C’est là que la vie pousse

Que des branches naissent les feuilles

Les racines savent leur place

Moi je me sens racine

M’enracine

Dans mon nid terrier

Approprié

Pour ne jamais apparaître

 

 

LES FILLES FOLLES

Les filles folles filandres filles faciles

Craquent corps et cœurs cous crispés

Songent sages seules sous ce ciel subtil

Voulant voler vers vous vivre vivifiées

 

 

DIEU EGO

Dieu sans raison

Être sans prétention

Donne cœurs culs et bras

Sois tout pour moi

 

Kermesses lotos et fêtes

Plantes humains et bêtes

Livres tableaux et sculptures

Passé présent et futur

Monuments villages et frontières

Campagne montagnes et rivières

 

Car à mon dernier souffle

Fini télés pantoufles 

Tout disparaîtra

Sous le drap

Avec moi

 

 

OÙ IL VA

Grâce des mouvements

Entre l’homme et le feu

Double vue prophétique

Forcément obscure

Nul ne sait où il va

L’imagination détruite

La bouche retroussée

Lourde de paroles

Le silence remué

De trémolos ahuris

 

 

EON

Un couple de mensonges

Acide nitrique ronge

Gémeaux de lubricités

Chibres revendiqués

Une meurtrière un assassin

Deux cadavres témoins

Un pickpocket une voleuse

Pour l’ambiance houleuse

Deux alcooliques sévères

Vieilles gueules de travers

Une vaurienne un vaurien

Belles promesses pour demain

Deux fornicateurs cul à l’air

Bite bite séants ouverts

Une paire d’aliénés

Prêts à tout poil au nez

Un duo d'étrangleuses

Les mains raides baladeuses

Deux paquebots en marche

Entrez tous dans mon arche

Belzébuth Seth Baal Satan

M'a prévenu tout autant

 

 

EXTASE

L’homme voulait une paire d’elles

Bouches ouvertes doux frémissements

Coups corps nus à l’heure de la nuit

Les animaux sont hommes heureux

 

 

CORBEAU

Je suis à la bourre

Une mauvaise blague c’est tout

Quelque chose à cacher

Rien que pour se défendre

Parano scénario

Le corbeau s’envole haut

Pour que tout s’arrête

 

 

ÉPITAPHE

Morne et déplaisant

Mort de faim sur un banc

 

Une pyramide comme Khéops

Dernière occasion de me sauver

Cro-Magnon triceratops

Mes étoiles alignées

Commencez par ma tête 

Qu’il vienne du triste monde

Continuez par l’arête

Brunes rousses chauves blondes

Incantations simultanées

Ma tombe vide désormais pleine

Vieillard vieux nouveau-né

Gris mouton tond ma laine

Mort de faim sur un banc

Finissez par la fête

Comme ma dernière dent

 

Dieu est mort

 

 

CROIX DE MOI

Pour tous l’os du monde

Je vous crois sur scarole

Et ne tombe dans aucun de vos waters

 

 

POÈME PHONÉTIQUE

Berdi boul et bartok

Bouraille vilite bordurier

Haleur gritte et grotte

Crimage brrr tymonier

Carreise fil et fol

Baba dadada silier

Grimontage tripol

Brrr gol gazolier

Oberdada Oberdada

Oberdada Oberdada

 

 

ORAGE

Le ciel couvert d’un drap de nuages

Bagages légers du soleil sabotage

Se gonfle de flaques noires et obèses

S’égouttent s’ébrouent jolis arpèges 

 

Tout en bas milles parapluies éclosent

En bolets soudain prenant même pose

Figés par le flash du haut photographe

Dieu lance l’éclair lumineuse baffe

 

 

DADANARCHISTE

Rafraîchissement ultime

Paraître étrange

Le vital mensonge

L’orchestre joué par tous

Sa propre répudiation

Credo dadanarchiste

 

 

NUSCH ET PAUL

Camaraderie agissante

Ensemble comme une église

L’espérance simplifiée peut-être

Comme une parousie belle

Une naïveté retrouvée

Échange cosmique où le monde passe

 

 

CIGUË

Bouche sèche

Convulsions tremblements

Ciguë bèche

Pisse noir le sang

Larynx broie

Crève la vie

Myocarde noie

Battement s’enfuit

Étrange mue

M’impose de suivre

Le poison tue

C’est sa raison de vivre

 

 

TOUT SCHUSS

Quand je parle à une femme

Je parle à toutes les femmes

 

Dégringolades sociales

Époques tragiques

Billes bowling au bal

Fées bourrues leurs cliques

Question de vit de mord

Irrigué de sang

Terreur toréador

Mort de faim sur un banc

Le stupre virginal

Léger comme les bonnes manières

Plat comme les cathédrales

Rond comme les derrières

 

Dame nature mise en plis

Les mains libres graffitis

Taupinières et volcans

L’une et l’autre de chaque camp

Au-delà des apparences

Des famines grasses de panses

Éveiller l’écho tendresse

Gnomes gorgones déesses

Allons-y tout schuss

Ainsi nous vivons tous

 

 

CRÉPUSCULAIRE 

L’œuf ou la poule

La poule constipée

Tipée old school

Refuse de plier

Garde tout au creux d’elle

Sa postérité

Fronde éternelle

Ne plus exister

 

 

CERCLE

Mon ami prête l’oreille

Œuvre ton cœur muet

Détourne ta folie

Courtisée telle une muse

Lève ta force claire

Parcelle belle de ton sort

 

Rien ne meurt tout change

Bêtes et plantes se mélangent

Boivent ensemble au commun ruisseau

Janus infini de nouveaux troupeaux

Le soleil partout démones et apôtres

Révolutions cerclées les unes les autres

 

 

ABANDON

Presque heureux de tant me haïr

Les bras aux cieux à l’instant de souffrir

Je crie aux diables bon débarras

Je crie hasard advienne que pourra

Bête féroce montre tes crocs

Caresse molosse profond mes os

Déchire les chairs avale goulu

Gonfle tes joues je suis vaincu

 

 

VOYAGE 

Cette pensée commune

Se tuer plusieurs façons de le faire

Voyage dernière amertume

Voyage dernière fourrière

Suicide mais sans la disparition

Qui sait qui peut qui voit qui fit

Heure ultime de pérégrination

En jeu la mise le dernier pari

Voyage dernier sublime escale

J’en suis revenu beaucoup trop tôt

Rubis mimant de lever les voiles

Ce fut un voyage idiot

 

 

 

 

(Montpon-Ménéstérol, février 2025)

 

 
 
 

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