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Pasaje de Lodares

Christian TRITSCH

 

« Pasaje de Lodares »

 

 


L’écume d’un américano brûlant danse d’une rive à l’autre de la tasse. Ça fait comme un petit hublot marron où des nuages de crème tanguent…

 

Albacete n’a rien de maritime, rien de monts escarpés. Al-Basit, ancienne conquête musulmane en terre Castillane est posée sur une plaine… une plaine à perte de vue… une plaine comme une banquise de poussière ocre. Les gens d’ici promènent débordant de fierté, leur statue de Sainte à travers la ville chaque deuxième semaine de septembre, lors de leur Féria tricentenaire. La dame a pour nom la Virgen de los llanos : la vierge des plaines.

 

Ferdinand pense à elle quand le soleil matinal postillonne ses premiers rayons. Arrimé à une table ronde de métal, il canote à son aise… raidit davantage son cou, en exhibe une plage plus large à présenter au soleil, et ronronne de petits orgasmes silencieux. Couplé à l’eau parfumée du café noir où il plonge un rondin de sucre, chose qu'il ne ferait jamais chez lui, ça l’excite bien. Ici ça fait belles vacances quand il s’octroie ce doux surplus. Il passe une heure comme ça, à écouter le salamalec autochtone… puis un petit blanc remplace l’américano.

 

Il philosophe en silence. Racle sa boutique de souvenirs de fond en comble. La foule en lui marmonne des choses. Énumère les années possibles qu’il reste. Il fait un bilan. C’est rarement une bonne idée de peser les pour et les contre, accompagné de l’alcool et de l’ennui. Les souvenirs c’est terrain glissant ; ça devient fissa des asticots qui vous trouent les méninges !... vous prodiguent mille enguirlandages !... vite rappliquent des litanies de griefs trompetant que c’est à leur tour !... réclamant de raconter des horreurs !… maudits concierges bavards des turpitudes passées !

 

Il s'échappe dare-dare de ce défilé… a déjà trop donné en chamailles. Il croit que ce qui a été pissé ne réintègre jamais les zizis… qu’on galvaude à tort le moment présent au profit de lendemains qui chantent toujours une autre chanson que celle escomptée !... Non, c’qui faut, c’est prendre aujourd’hui à pleine poigne !... lui crier de cracher tout son suc !... surtout ne pas faire des épargnes et des sobriétés avec ses heures !... c’est maladie incurable ça !... on gagne jamais à faire l’épicier de son temps !... Il a failli casser sa pipe avant de piger que l’espoir, c’est davantage un bouchon malmené par un océan cœur de tempête qu’une flèche traçant une route rectiligne dans les airs. Combien traversent la vie comme des Galeries Lafayette ?!... Cézigues veulent cocher toutes les cases ! Saisir tous les beaux objets, oubliant juste de vivre...

 

Depuis qu’il est au zénith de la chaine alimentaire, l’homme n’est qu’un charognard !... un gugusse qui veut jouir dans la consommation !… dans l’hédonisme !… L’hypertrophie des villes enlaidit chaque jour davantage le paysage. Et pire que ça, l’époque moderne s’est déshabituée pour longtemps à la pensée collective.

 

Deux heures déjà que Ferdinand tangue au Pasaje de Lodares. C’est au tour maintenant d’un ballon de rouge. Il aime cet alcool à jeun du matin…C’est une retrouvaille avec la tête qui tourne de ses premières cigarettes. La serveuse est une petite brunette, une copie de toutes les sud-américaines qui pullulent ce pays. A chaque coin de rue, on les voit courir vers un emploi mal-payé. Ce sont les africaines de l'Espagne. Ferdinand est alléché et demande comment qu'elle s'appelle. Elle répond "Martha" et file sans lui laisser le temps d'engager plus avant la conversation. Ferdinand lève son verre, comme si Martha fût restée face à lui, propose un toast imaginaire... Il déclame que « le vin fait croître les forces de l’homme recru de fatigue » Il se souvient avoir lu ça dans l’Iliade. Depuis c’est devenu parole d’évangile. Une phrase qu'il sort pour faire le malin et qui en même temps lui parle comme depuis l’antiquité.

 

Martha est une jeunesse péruvienne. Elle est en pause pour dix minutes et regarde son Smartphone... attend qu'il vibre pour bientôt... Elle sait qu'à mille kilomètres de là, un français va lui faire des love-boat sensas. Ça fait des semaines que les guili-guili perdurent... qu'ils lui font chatouilles dans le bas ventre et gonflent ses extases... elle rêve d'un mousquetaire, d'un gavroche, d'un Napoléon.

 

Elle a vingt-six ans et vivait il y a un an encore dans une belle maison à Lima au Chili, avec sa mère et sa tante... Pas vraiment sa tante, mais pour elle c'est considéré pareil. C'est à la fausse tata qu'appartient la jolie maison en vrai. Celle-ci avait recueilli il y a des années de ça, une amie alors qu'elle était livrée à la rue, enceinte trop jeune et sans mari. L'amie dormait sur les bancs. La famille l'avait mise dehors encore grosse de son péché. Alors la simili tata avait fait la samaritaine. C’est comme ça que Martha avait grandit dans la belle maison blanche. Et que l'autre était devenue sa tante.

 

Martha rêvait grand comme toutes les jeunesses. Elle s'imaginait loin et mieux. Pour ça qu'elle s'était amourachée de blablas étrangers. Ça lui était venu toute petite. Des touristes visitant sa capitale avaient dit comme des formules magiques... des mots mystérieux venant de l'autre hémisphère. Ensuite, la petite avait dévoré les dictionnaires bilingues. Allemand, anglais et français surtout. Ça lui paraissait des clefs merveilleuses. Des codes à déchiffrer toujours. Alors, quand elle avait blablaté français via une application téléphone, la mère et la tante avaient encouragé l'effort. Surtout en vrai, car c'était loisir qu'on fait depuis une chambre. Sans nécessité de traîner dehors. C'était cet aspect là, qui avait plu en tout premier aux deux femmes. Elles avaient écouté des semaines travers porte en souriant, fières et bombant le torse. Martha, leur bébé,  prononçait des mots qu'elles ne comprenaient pas.

 

Ce que les deux femmes ignoraient, c'est que Martha s'était connectée à une application nouvelle : Hellotalk. "Salut, parle", littéralement en anglais. On définit la langue que l'on veut acquérir, précisant sa propre langue maternelle. Le principe est simple et génial. Tous ceux qui sont sur l'appli sont en réseau ouvert. Ça met en contact les apprenants du monde entier. Martha parle espagnol et veut progresser en français. Elle a donc accès à toute la smala de francophones qui veulent apprendre l'espagnol. C'est service rendu mutuel. Donnant donnant. C'est comme ça qu'elle a rencontré Math.

 

Au début, les conversations sont bancales, se ressemblent toutes. Les "comment tu t'appelles" et autres "que fais-tu dans la vie" se répètent comme des mantras inintéressants... Après quelques jours, Math et Martha s'échangent des photos de paysages... puis de repas... puis de leur corps vus de dos... ou de face, mais dans une ombre enveloppante... Évidemment, la curiosité ou la confiance font que les visages apparaissent grand jour... que les pomponnages suivent avec les confidences qui vont forcément de paire...

 

Les doutes sont vite chassés et les rêves plus vite encore aperçus. Mais une chaîne de montagnes les sépare. Et derrière la montagne y a un océan immense encore à franchir !... Seule la technologie moderne permet ces discussions miraculeuses ! ces sentimentalismes !... jusqu'au jour inévitable où Martha demande son numéro... lui envoie le sien sans demander... Elle veut lui parler "en vrai"... avec les voix dans l'instant. Dit que par WhatsApp ça serait mieux encore car ça ferait vidéo. Que les rires seraient partagés.

 

Math n'hésite pas malgré sa femme et sa fille. Ce détail n'a pas besoin d'être révélé. De toute façon, la muse Inca est à des distances infranchissables. Et lui veut vivre cette adolescence retrouvée. Alors il accepte mais dit que ce sera toujours lui qui appelle. Qu'il travaille beaucoup et que le décalage horaire l'empêchera de répondre si c'est elle qui le fait. Martha accepte sans soupçon. Son mousquetaire coche toutes les cases du prince charmant. Elle ne contredit en rien son amoureux outre-mer. Elle dit pas qu'elle aussi travaille... que son emploi de secrétaire dans un cabinet médical ne lui permet pas plus d'appeler tout bout d'champ. Les conversations s'érotisent inévitablement. Le téléphone est le meilleur préservatif. Toutes les lubricités charnelles dévalent les bouches lointaines. Martha sait les moments où Math va appeler... en profite pour prendre sa douche dix minutes avant, quelle que soit l'heure. Ça lui permet d'apparaître petite culotte et cheveux mouillés... de sourire dents carnassières et prêtes à le dévorer. Lui ne tient plus en place... maudit le monde qui le sépare de sa petite péruvienne... Il reste des heures sur les marches de sa maison avec des envies de transatlantiques... Elle... elle ne rêve déjà plus... elle prépare son voyage en douce... elle économise, calcule ce qui manque... Dans un magazine, elle a lu qu'on peut faire du woofing et voyager sans frais... qu'en échange d'heures de travail, des fermes vous accueillent vous logent et vous nourrissent.  Avec même aussi un peu d'argent encore. Entre le Pérou et la France, il doit y avoir beaucoup de fermes !... Elle escompte faire saute-monton d'un pays l'autre... faire sauterelle au-dessus des frontières et des océans... elle continuera à lui parler, mais en masquant les voyages... D’ailleurs, juste une frontière encore à franchir depuis qu’elle a mis le pied en Espagne ! Un jour prochain... un jour elle frappera à sa porte… et ce sera jolie surprise pour lui… et ils vivront heureux pour toujours.

 

Ferdinand étire ses bras et regarde la serveuse reprendre son service, l’œil gris et triste. Il la voit débarrasser des tasses et courir entre les tables. Il regarde entrer dans le bar la garnison des lève-tôt. C’est grappes masculines barbues de trois jours et dames aux jambes colonnes de marbre, à priori entre deux âges.

 

Au crépuscule ici c’est une marmite toute différente. Une fois le trabajo achevé, les mâles fantassinent en bataille, le long des champs de comptoirs… accostent en flibustiers ou en équipage… reluquent, les señora, parqués comme derrière des pupitres. Elles, poitrines gonflées sur chemisiers copieux, débordent de chair, balancent des cheveux ébènes dansant les sept voiles sur une nuque découverte puis recouverte, au gré d'un hochement de tête ou de la brise des regards masculins. La beauté pour cuirasse, ces amazones ondulent des boléros… cambrent des palais ocres et rosés… forment des Olympes reconstitués où, Athéna, Héra et autres Circée et Calypso se pavanent, flottantes, réjouissant le regard de combattants changés en pourceaux. Se dégrafent alors quelques pièces d’étoffes sur des épaules dorées, et c’est chocs carnassiers dans la foule assemblée. De nouvelles Hélène au bras de nouveaux Paris, sous les yeux de nouveaux Ménélas… Homère a narré l’Histoire du monde une fois pour toute.

 

A intervalles réguliers, Ferdinand jette un œil sur la serveuse. Elle semble avoir rapetissé. Cette jeunette l’intrigue ou l’attire. Il ne sait pas encore. Il faut dire qu’il creuse son sillon aux Espagne depuis trop longtemps. Un trempage d’âme quasi ! Du paysage à grandes bouchées !... il laboure la terre rouge et jaune… y revient comme on revient à une bible… comme on revient à un plat… comme on revient à une femme...

 

Il y avait jamais mis un pied avant ses quarante ans, mais il a aucun doute là-dessus : on peut être nostalgique des géographies qu’on n’a jamais foulées comme des époques que l’on n’a pas connues. Ferdinand se sait eau de climat tempéré, sent bien qu’une tiédeur a infusé son âme… Il remercie le ciel, les dieux, le hasard, d’être né sous de telles auspices… La vie en est plus commode. La vie… c’est une trajectoire qui appelle, mais à laquelle, presque sans exception, on reste sourd. La vie belle ne survient que lorsque l’on quitte le wagon… lorsque l’on prend le risque de descendre du train en marche.

 

C’est pour ça qu'il se trimbale bon an mal an depuis quatre années ses pèlerinages ibériques. Il se sent vivant dans cette Espagne merveilleuse !... scrute les pancartes de la petite boulangerie d’à côté. Pan y bolleria recién hornados ! ofertas desayunos ! Biscocho especial ! Tostadas especiales !... C’est tout pareil au grand foutoir commercial des campagnes électorales… additionné à la passion insatiable,  humaine,  éternelle, d’engloutir les choses. Tout arrive à la bouche avec brusquerie… derrière des figures exorbitées. Chaque petite table de la terrasse de la panaderia est un fléau impitoyable, un recommencement civilisé de massacres de mammouths… sauf que la tartine, la confiture, l’huile d’olive, la tomate pelée, le pain, se rebellera pas et reculera pas pour fuir. Alors ça fait des mines d’avoir le temps ; et ça joue quasi à celui qui mange sans faim.

 

Ferdinand les aime bien les bars espagnols des dulcinées. Y en a plus des comme ça chez lui !... ah, ça !... du temps de son grand-père… du temps des ouvriers mains-calleuses… y en avait plein les trottoirs des presque pareils !... les défonçeurs de pavés, de béton et de ferraille faisaient coquillages dans les cafés dès l’aube, gueulant les espoirs qui recommencent !... cézigues-là ont sué sang et eau pour que leur progéniture fasse plus pied de grue dans la file d’attente des boulots à dix sous !... y z’ont payé des études avec leur éconocroques clamant que ça valait bien quelques vacances passées en pertes et profits !... après, la multitude des mioches a viré confettis fonctionnaires !... l’état a accompagné la chose en nivelant tout par le bas… pas par compassion, non… juste il avait compris que la boue ouvrière, c’est une pâte à révoltes !... que ça rime à rien d’attendre tous les vingt ans des fronts populaires !... et puis des ouvriers, on en avait trouvé des mieux encore !... des chintock bien heureux de travailler pour des piécettes !... le patronat y déniche toujours une peuplade à civiliser…

 

Ferdinand reprend un ballon. Les bars chez lui, c’est plein d’étudiants en rien et tout !... les bistrots des papys ont muté bar lounge et autres salons de thé. On leur a fourré dans le crâne que le progrès c’est de beaucoup consommer. Il sait bien que depuis l’origine, l’homme est consommateur. C’est son essence de l’être, pour se démultiplier à l’infini. Que n’a-t-il pas incendié, ravagé, détruit, et avec bonne conscience et orgueil !... Ferdinand ne condamne pas la chose. Ce serait honnir le loup qui dévore la brebis. C’est sa nature, alors cessons de philosopher ses sortilèges avec haine. Il y voit qu’une issue, et elle est casse-gueule. L’homme veut et voudra toujours ce qu’il appelle le progrès, c'est-à-dire mettre à son service tout ce qui est possible de l’être ; et éliminer, d’une manière ou d’une autre, tout ce qui se refuse à lui.

 

Ferdinand entend son instinct lui chanter la fuite loin du progrès, dans un paysage où l’homme serait rare. La fuite a toujours été la plus noble des courses humaines… la désertion, la plus nécessaire des attitudes. Il faut être seul pour accéder à l’universel. Le nombre est un puissant frein à la pensée vraie… un moteur fabriquant des cafouilleurs et des débauchés… une matrice à angoisses et rancœurs. La nature humaine se gâte à trop de contact. Elle file infect. Trifouille fissa débilités. Les seules discussions tolérables se passent avec soi-même… rarement, c’est faisable à deux… dès qu’on est trois, théorème de Brassens maintes fois vérifié, on devient une bande de cons.

 

Quand même… ses roucoulements aux Espagne ont quelque chose de la fuite éperdue, du bonheur obèse et vorace en smacks technicolors. Le bonheur, ça engendre toujours le sentiment rose des premières fois… puis ça clamse en funeste carabistouille… en gueulements farouches… en souvenirs désossés… en foutage au feu de tout ça !... ça devient folies-cascades… vire crucifixion quasi. Alentour, quand ce moment arrive, la foule des Ponce Pilate psalmodie à l’envie les « je te l’avais bien dit » avec le visage heureux de celui qui enregistre que le bonheur des autres est au bout du compte pas si éternel que ça. Ferdinand ne s’y trompe pas, les consoles qu’il reçoit alors, sont davantage des masturbations que des baumes.

Son voyage est une fuite... il est bien conscient que ce qu’on appelle voyage, c’est de la consommation délocalisée. Il prétend qu'on voyage plus loin avec la vinasse qu’avec un tour-opérateur !... pour autant, en kilomètres sur bitume, il se leurre pas sur ses maigres aptitudes à voyager en dehors des clous… connait ses terminus et ses manigances mentales pour fuir les cavernes et retourner aux casernes.

 

Son Smartphone l’interrompt avec un message de Jean-Yves, l’ami se cramponnant depuis un lustre à la montagne pyrénéenne. Il sait où est Ferdinand, et pourquoi ; alors il écrit :

 

Toutes voiles dehors,

Mon regard au dessus des vagues,

Les argonautes sont à la manœuvre,

J’aperçois le rivage,

Sa silhouette,

Calypso, ma bien-aimée.

"Mon ami" pense Ferdinand... comme parfois j’ai envie de te rejoindre dans ton Ithaque… sais-tu seulement les maléfices auxquels tu échappes là-bas ?

 

Nous sommes en septembre et, depuis février, Ferdinand n'avait guère navigué aux Espagne, rapport au micmac du dernier coronavirus qui a figé la planète pour six mois ; qui la chloroforme encore, par vagues, mélangeant peurs et goût de chacun pour soi. Il en revient pas de ces ascensions de trouille !... ces queue-leu-leu de suées venues du fond des âges… il est pas sûr qu’on s’en relèvera sans convulsion… faut dire que le barnum-ramdam médiatique s’est mis en branle pour sûrement jamais plus s’arrêter !... ça colle aux chaines d’info continue des non-stop de bandaisons !... ça cavale à tout va pour montrer la fin des temps !... sorte d’holocauste new-âge… ça cause même de guerre… d’une conflagration nouvelle… qu’y aurait des premières et secondes lignes… des tombés au champ d’honneur… et que pour être estampillé résistant faut rester lové sur son canapé. Il savait pas qu'il résistait depuis des années !  Les radio-Londres c’est BFM et CNEWS ! Faut garder tout ça bien branché pour goûter au spectacle… Et pis qu’y faut bien applaudir aussi sur les balcons à 20 heures, juste avant le journal, entre les pubs.

 

Partout tévés et radios pullulent des prophètes de blanc vêtus déversant leurs imprécations, façon auscultations cathodiques ; le moindre généraliste bande pervers plein écran d’apporter la controverse à un épidémiologiste surdiplômé. C’est la revanche du cancre fond de classe. Une effraction de l’intelligence... Le peuple, y doit juste dodeliner et applaudir aux heures où on lui dit. Celui qui fait mine de douter, d’être un rikiki indisposé… celui-là l’est catalogué populiste ou complotiste !... Pendant des mois, les seules sorties autorisées et encouragées, c'a été le boulot et la bouffe… faudrait pas tuer le commerce non plus !…

 

Pour le reste, Ferdinand le devine maintenant, tout est superflu… il respire parfaitement bien avec du boulot et de la bouffe… et grâce aux GAFFA, il peut consommer sans quitter sa tanière… sans risque de peste ou de choléra. Lui, il a dépecé TV et radio. Les infos, ça informe rien du tout. Faut comprendre que les infos, c’est un choix, une hiérarchisation et une mise en mots !... une fois que t’as compris ça, tu regardes plus. Pourquoi d’ailleurs qu’y aurait besoin de savoir ce qui se passe autour du globe ?... il s’en branle bien des gorilles disparus d’Afrique comme des Dow-Jones et autres CAC40… passez moi ça à la trappe !... le grand guignol comme le petit !... c’est juste palabres infinis !... je marche pas au blablata-spiritisme des news !... je bloque les tuyaux et depuis aucune merde gadouille plus mes plates bandes. Moi, je crois seulement à la conversation séance tenante… au face à face sans écran ni électricité… ça fait des ribambelles de siècles que le monde a fonctionné comme ça… pourquoi qu’on délègue à autrui nos indignations !... qu’on les programme même !... qu’on se dit, bien content, « à treize et à vingt heures, je vais m’apitoyer sur le monde ! »… « Montrez-moi les mioches crève la dalle ! »… « Allez ! Fais voir la misère qui rassure et émeut ! »

 

Ferdinand devine bien le monde d’après le Covid que les pleins-de-sous espèrent… le coronavirus, pour eux, c’est Notre Dame la Victoire !... c’est motif d’accélération de la fin des peuples vers le magma mondial de la consommation finale… c’est la fin des politiques éparpillées pour la mise en place du temps béni Big Brother !... ça suffit pour eux les échoppes et les couvent partisans !... vive l’usine machine mondialisée !... hip-hip-hip hourra !... tout doit avoir un prix et tout doit se vendre !... Si tu contredis ça, t’es bon pour la benne de l’humanité… Faut détruire les nations pour jouir du gloubiboulga mondial… Bien sûr la soupe est pas vendue avec cette étiquette. Mais qui voit pas que le but du truc, c’est Mac Do pour tous !... Google pour tous !... Amazon pour tous… Youporn pour tous !... et enfin le monde jouira en paix.

- Martha por favor ! Otra copa de vino blanco !

 

 
 
 

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