top of page
Rechercher

En alexandrins


Il est une demoiselle au charme si notoire,

Que son passage laisse comme un goût de barbare,

Comme une balle avide et venant fouiller la plaie,

Au moment de partir, quand le charme disparaît.

Sur mon âme je le jure, le tracé de sa chute

Fait de vos habitudes une coiffure toute hirsute

Et de vos certitudes un amas de gravats ;

Je vous le dis tout net : bienheureux qui n’est pas

Sous sa tutelle sourde, qui infuse et qui hante,

Sous son regard pointu, qui découpe et qui plante,

Car jamais rassasiés, ses yeux beaux vous lacèrent

Ses bras à votre cou, deux lacets qui enserrent.

Hier, je me délectais de ne pas la connaître,

Nullement aux aguets. En ouvrant la fenêtre,

Je regardais demain comme on regarde un lac.

La beauté dans l’eau calme, la beauté se matraque !

Mes amis promettaient de toute leur cervelle,

Une vie imbibée, toujours belle et nouvelle !

La prochaine, la suivante, dernière etc.

Qui fera de mes nuits, un nouvel Alhambra ?

Elle était espagnole, parisienne, aquitaine !

Elle était une année, une nuit, une semaine !

Elle était pour certains, comme un océan !

Dessous la houle dure, une sirène et son chant !

Elle aime par-dessus tout dominer votre ruine,

Insatiable, raffinée, le malheur l'illumine,

Quand elle jette son va-tout, ah ! votre triste sort !

Telle une tumeur maligne, un soudain inconfort,

Une gêne se déclenche à son passage éclair ;

C’est comme une apogée, un dernier bras de mer

Juste avant le naufrage, avant le ridicule.

Son sourire gai et blanc, derrière s’y dissimule,

Un brouillard, un crapaud, un mensonge éhonté,

Elle assure (quelle fredaine) qu’elle reste obnubilée

Par votre seule présence, votre charme d’abord,

Qu’elle sera pour toujours votre ultime réconfort.

J’avais vingt ans alors. Ne savais rien encore

De ces tribulations de la loi du plus fort.

Je ne parle pas de biceps mais bien d’amour !...

De batailles où les corps sont roués, battus, pour

Que celui qui se perd, perde bien plus que lui :

Il perd et le goût, et le goût à la vie !

Car il devient infirme, puisqu’on lui ôte le cœur,

Il devient amnésique, puisqu’il ne sait plus l’heure

Ni le jour où il est, quand l’autre n’est plus là.

Disciple sans déesse, un nouvel apostat !

Une moitié peut parfois être plus que le tout !

Et c’est un grand désastre que de vivre à genoux !

De vivre juste pour l’autre, dans l’espoir seulement

Ne serait-ce je le sais, que pour un court instant

De se continuer. Ce feu est un fétu

S’il ne peut consumer deux cœurs trop éperdus !

Je prie pour que jamais – mon dieu ô grand jamais

Je n’ai à revenir à ce temps où j’étais

Prisonnier de la glace d’un amour congelé,

D’un être violent de n’avoir pas gagné

M’ayant malgré cela laissé nu sur le sol,

Tel un poison frelaté, une pauvre gnôle !

J’avais vingt ans disais-je, ce n’est pas une excuse.

Il est des gens plus jeunes que la raison récuse

D’avoir trop abdiqués. Rien ne sert de courir,

Il faut faire demi-tour. Et parfois c’est guérir

Que de ne pas rester au contact du mal

Qui vous laisse pantois, qui vous laisse bancal !

Bien sûr les écluses vont, elles aussi à la mer !

Et si ce ne sont elles, ce sont leurs eaux amères !

Je vivais comme un fou, perdu aux autres hommes

Qui ne voyaient en moi qu’un frêle curriculum,

Un tout début de rien, ayant une maigre chance

Car les femmes sont, et cela dès l’enfance.


 
 
 

Posts récents

Voir tout
Carré F, Rangée 7

Carré G, Rangée 4   Je brasse un océan endormi dont l’écume en surface est composée de blocs de granit, de terre compressée et de mousse...

 
 
 
Entre l'écorce et l'arbre

1   Colombine est sud-américaine. Du patelin d’Escobar. C’est comme ça qu’elle se présente. Parce qu’en vrai son paternel est aussi...

 
 
 
Moses, Igor et les autres

1 Elle avait tout pour être tranquille. Dormait depuis des lustres à l'ombre d'un passé glorieux. Elle est désormais engloutie. Elle,...

 
 
 

Commentaires


Post: Blog2_Post

©2019 par Chrishautrhin. Créé avec Wix.com

bottom of page