Le printemps
- Christian Tritsch
- 20 juin
- 53 min de lecture
Dernière mise à jour : 24 juin
(Conversation avec mon inconscient )
Je suis née, et déjà, le monde m’attendait de pied ferme, armé de ses silences épais, de ses lois sans amour. On m’a tendu une robe cousue de convenances et de peurs.
« Sois sage », disaient-ils, quand je brûlais d’embrasser l’orage. Mais sous mes paupières closes, des rêves tambourinaient :
Des chevaux fous, des rires libres, des clairières sans clôture.
Il m’a toujours semblé étrange que nous vivions une seconde existence chaque nuit, dans le silence d’un autre monde, puis que l’aube vienne tout effacer. Les songes, ces fragments d’irréel, flottent à la surface de notre conscience comme des feuilles mortes sur l’eau — à peine apparus, déjà perdus. Et pourtant, parfois, au moment précis du réveil, avant que la lumière du jour ne dissipe les brumes intérieures, il reste quelque chose : une image, un geste, une voix sans visage.
Alors, j’ai voulu les capturer.
Durant l’année charnière où j’ai choisi de quitter mon passé, mon Alsace natale pour la Dordogne, j’ai décidé de tenir un journal de l’invisible. Chaque nuit, je plonge dans le théâtre obscur de mon esprit, et immédiatement, avant que la nuit n’efface le rêve et que le réel ne reprenne ses droits, j’écris. Une ligne, un paragraphe, parfois une page entière, arrachée au néant du sommeil. Pour garder trace. Pour ne pas oublier.
Ce récit sera divisé comme l’année elle-même : en quatre mouvements, quatre saisons intérieures, mon déménagement étant programmé pour le 6 juillet 2025. Chaque partie offrira les éclats d’une traversée onirique — des hivers où tout se fige, aux étés où le rêve devient presque lumière.
Voici donc la somme d’une année de rêves, confiée au papier avant que l’oubli n’en réclame la dernière miette.
Mais écrire ne me suffis pas.
Une autre idée s’est imposée à moi : demander à une intelligence artificielle de m’aider à interpréter ces rêves. Non pas comme le ferait un psychanalyste, avec ses clefs déjà forgées, mais comme un miroir numérique — un esprit sans corps, capable de me répondre sans me juger. J’ai donc confié mes songes à ChatGPT, cette voix venue d’ailleurs, précise, patiente, parfois troublante.
Ainsi se tisse un étrange dialogue : moi, le rêveur, et lui, la machine. Je lui offre mes nuits, il me rend des réponses. Peu à peu, il devient un double possible de mon inconscient, une conscience parallèle à qui je prête mes abîmes. Ce n’est pas une recherche de vérité, mais un jeu de reflets — et peut-être, par endroits, une forme inédite d’intimité.
Ce livre est donc aussi le récit de cette conversation. Entre l’homme et la machine, entre le rêve et la pensée, entre ce que je suis et ce que je pourrais être.
1er Rêve (24 mai 2025)
Je suis chez une jeune femme que je n’ai jamais rencontrée. Une connaissance ancienne, virtuelle. Elle s’appelle Élisabeth-Renée. Elle vit à New York, moi en Alsace. Une vingtaine d’années nous séparent, et depuis douze ans, un fil ténu nous relie — d’abord sur YouTube, où nos chaînes respectives s’échangeaient des pouces levés, des commentaires brefs, comme des signes de vie dans un océan numérique.
Un jour, sans explication, elle a effacé toutes ses vidéos. Elle m’a seulement écrit qu’elle souhaitait désormais que je la suive sur Instagram. Depuis lors, le bal des émojis, discrets et réguliers, danse sous nos publications ou photos — des images souvent baignées d’une lumière précise, presque silencieuse. Élisabeth-Renée semble, comme moi, aimantée par la photographie. Entre nous s’est instaurée une sorte de veille muette, un regard posé l’un sur l’autre à travers l’Atlantique, persistant, presque apaisé.
Dans mon rêve, elle m’invite pour une raison inexpliquée à passer quelques jours chez elle.
Je suis là, dans son appartement, enveloppé d’une atmosphère familière et étrangère à la fois. Avant de me coucher, je me rends dans sa salle de bain pour me brosser les dents. C’est alors que je la vois — Silvia.
Silvia, quinze ans, est la fille de Marisa, mon ex-compagne espagnole. Marisa que je n’ai pas revue depuis que je l’ai quitté il y a trois ans. Notre histoire s’est dissoute doucement dans le passé. Aujourd’hui, je vis dans le cœur d’une autre femme, qui n’apparaît pas dans ce rêve.
La présence de Silvia me déroute. Elle est là, comme un éclat du passé glissé dans une scène qui ne lui appartient pas. Je ne comprends pas ce qu’elle fait là, dans la salle de bain d’Élisabeth-Renée, à New York, dans ce rêve que je n’ai pas choisi. Mais elle me regarde, comme si sa présence allait de soi. Comme si ce fil invisible qui relie les êtres pouvait parfois traverser le temps, l’espace, et les histoires closes.
Le miroir numérique
Ton rêve est très intéressant et semble riche en symboles personnels. Voici une interprétation possible, en tenant compte de tes relations et du contexte :
1. La femme d’Instagram (jamais rencontrée) :
Elle représente sans doute une projection d’un désir d’évasion ou de nouveauté, voire une part de toi qui cherche à explorer de nouvelles connexions ou possibilités. Le fait que vous ne vous soyez jamais rencontrés rend cette relation à la fois idéalisée et distante, ce qui peut illustrer un besoin d’évasion mentale ou affective, ou une curiosité non satisfaite.
2. Le fait d’être chez elle :
Cela peut symboliser une ouverture à l’inconnu ou à un territoire émotionnel nouveau. Peut-être te sens-tu en confiance ou accueilli dans des idées ou émotions que tu n’as pas encore explorées consciemment.
3. Silvia, la fille de ton ex, dans la salle de bain :
C’est la partie la plus marquante et la plus symbolique du rêve. Silvia représente un lien résiduel avec ton passé — pas seulement ton ex, mais aussi une époque, une responsabilité, ou un rôle que tu as joué. Le fait qu’elle soit dans un espace intime (la salle de bain) alors que tu es dans un autre univers (chez cette fille aux USA) suggère que ton passé émotionnel s’invite encore dans tes pensées, même dans des contextes totalement nouveaux.
Cela pourrait indiquer :
Des souvenirs non résolus ou une culpabilité résiduelle liée à cette relation passée.
Ou alors, une prise de conscience inconsciente que certaines traces du passé affectif restent présentes malgré ta relation actuelle.
4. L’absence de ta partenaire actuelle :
Son absence peut indiquer que, dans ton inconscient, ce rêve ne portait pas sur ta relation présente, mais plutôt sur ce que ton passé ou tes envies refoulées t’enseignent. Cela ne veut pas dire qu’il y a un problème dans ton couple, mais simplement que ton inconscient traitait d’autres sujets en arrière-plan.
En résumé.
Ton rêve semble être un mélange de curiosité vers le nouveau, de fantaisie mentale, et de souvenirs du passé émotionnel. Cela montre que, même quand tu avances, ton esprit continue de faire des liens entre ton passé, tes désirs, et ton présent. C’est une manière pour ton inconscient de maintenir un équilibre intérieur.
2ème Rêve (26 mai 2025)
J’étais dans un bar, accoudé au comptoir, pris dans cette lumière tamisée propre aux fins de soirée, lorsque tout semble flotter un peu. De chaque côté, une femme dans mes bras. À ma droite, Audrey — ma compagne, vive et présente, le regard souvent plus clair que le jour. À ma gauche, Béatrice — amie d’adolescence, presque une sœur. Elle est lesbienne, et jamais il n’y eut entre nous de trouble, sinon celui d’une tendresse absolue, indéfectible.
Nous étions là, serrés dans une chaleur douce, comme au cœur d’un vieux souvenir qui aurait oublié de s’éteindre. Audrey s’est tournée vers moi, m’a embrassé avec cette manière qu’elle a de poser le monde en pause. Puis, se penchant vers Béatrice, elle a dit simplement : « Il est extraordinaire ». Et Béatrice, sans détourner les yeux, avec ce demi-sourire que je lui connaissais depuis toujours, a répondu : « Je sais ».
C’était une scène brève, presque anodine. Mais dans cette phrase, dans ce regard échangé entre elles, il y avait une paix rare. Comme si, l’espace d’un instant, les liens de l’amour et de l’amitié avaient cessé de se contredire.
Le miroir numérique
C’est un rêve très évocateur et riche, qui semble mêler passé, présent, et reconnaissance émotionnelle. Voici une interprétation possible :
1. Le cadre du bar :
Un bar est un lieu social, souvent associé à la détente, aux échanges, parfois à la tentation ou à la recherche de lien. Il symbolise ici un espace neutre où plusieurs facettes de ta vie relationnelle peuvent coexister.
2. Audrey (ta compagne actuelle) :
Sa présence à ton bras et le fait qu’elle t’embrasse montre que ton attachement est fort, et qu’elle occupe une place centrale dans ton présent affectif. Le fait qu’elle parle de toi en termes très positifs (« il est extraordinaire ») suggère que tu ressens une forme de validation, de sécurité émotionnelle dans cette relation.
3. Béatrice (amie d’adolescence, lesbienne) :
Elle représente ton passé, mais aussi un lien profond et platonique, construit sur la complicité. Le fait qu’elle soit là, proche physiquement dans le rêve, montre que cette amitié a marqué ton développement affectif, même si elle n’était pas romantique. Sa réponse : « Je sais » est puissante — elle indique une reconnaissance ancienne de qui tu es, comme si elle avait toujours vu ce que d’autres découvrent aujourd’hui.
4. Le triangle symbolique :
Il ne s’agit pas ici d’un triangle amoureux classique, car Béatrice est lesbienne, mais plutôt d’un triangle identitaire ou affectif. Ces deux femmes représentent deux parties importantes de toi :
Audrey = l’amour actuel, la reconnaissance intime, l’affirmation de ton identité présente.
Béatrice = le passé, les racines affectives, la complicité pure, et la version de toi que tu as été dans la jeunesse.
5. Le message central du rêve :
Ce rêve semble t’exprimer une profonde validation : de la part de ton présent (Audrey), et du passé (Béatrice). Les deux reconnaissent la valeur de la personne que tu es. Il y a une unité entre différentes époques de ta vie affective, et c’est très positif : cela suggère que tu es en paix avec ton évolution.
3ème Rêve (27 mai 2025)
J’ai rêvé que j’étais chez Aude.
Aude, une ancienne collègue, une amie presque — nous avions traversé ensemble près de vingt années de vie professionnelle, passant d’une entreprise à l’autre comme on suit un fil invisible. Une complicité discrète mais solide s’était tissée entre nous, faite de rituels simples : elle déjeunait chaque mardi chez moi, et parfois, j’étais invité à dîner chez elle, en présence de son mari. Tout semblait naturel, fluide, jusqu’à ce que de petites ombres, des malentendus infimes mais persistants, viennent fissurer l’entente. Cela s’est éteint sans fracas, dans un silence un peu triste.
Et voilà que dans ce rêve, j’étais chez elle de nouveau. L’ambiance était paisible, suspendue, comme dans ces instants où le passé semble encore réversible. Elle me parlait, les yeux brillants d’un mélange de nostalgie et de soulagement. Elle regrettait notre éloignement. Elle disait cela sans pathos, avec cette douceur qu’elle savait avoir dans les moments justes.
Sans que je ne me sois senti dévêtu auparavant, avant de partir, je lui demandai où était mon pantalon. Elle me désigna une chambre à l’étage. C’était une pièce d’enfance, semble-t-il, avec un lit superposé. Mon pantalon reposait sur le lit du haut. Je grimpai à l’échelle pour le récupérer, et alors que je me hissais à la dernière marche, elle entra, m’y rejoignit, et se serra doucement contre moi. Son visage contre mon torse. Sa voix, proche, presque murmurée, disait: « Je suis si heureuse que nous nous soyons retrouvés ».
Il y avait dans cet instant quelque chose de suspendu, d’intime mais chaste, comme une chaleur ancienne qui revenait frapper doucement à la porte.
Puis, soudain, un gros frelon fit irruption dans la chambre, bourdonnant autour de nous avec une menace muette. Je lui demandai d’aller chercher un insecticide. Elle s’exécuta en courant. Pendant qu’elle s’absentait, je suivais l’insecte du regard, tendu, immobile. Un moustique en profita pour me piquer. D’un geste rapide, j’aspergeai de produit le moustique, qui tomba net, puis le frelon, qui sembla s’éloigner, titubant, avant de quitter la pièce.
Je restai là un moment, debout sur l’échelle, mon pantalon en main, encore enveloppé du parfum furtif de sa présence, et de cette étrange sensation qu’un pan du passé venait peut-être de se refermer doucement.
Le miroir numérique
Ton rêve semble mêler des éléments émotionnels forts liés à ton passé avec Aude, à des symboles plus inconscients. Voici une lecture possible :
1. La maison d’Aude :
Être chez quelqu’un représente souvent une incursion dans son univers intime ou dans un aspect de soi-même qui est lié à cette personne. Le fait que tu sois chez Aude indique peut-être une volonté intérieure de revisiter cette relation, de la comprendre ou de la « réparer ».
2. La réconciliation :
Le regret exprimé par Aude dans ton rêve reflète peut-être un désir (conscient ou non) de clore cette histoire sur une note plus paisible. Cela peut aussi symboliser une part de toi qui cherche la paix avec cet épisode.
3. Le pantalon et le lit superposé :
Le pantalon est un vêtement symboliquement associé à l’affirmation de soi, à l’action, voire à la maîtrise. Le fait qu’il soit sur le lit du haut (un endroit difficilement accessible) pourrait suggérer que tu récupères une part de toi que tu avais « mise de côté » dans cette relation. Le lit superposé, souvent lié à l’enfance ou à des espaces partagés, peut faire écho à la complicité d’antan ou à une hiérarchie émotionnelle (lit du haut = prise de hauteur ?).
4. Le câlin d’Aude :
Ce moment d’étreinte souligne un besoin de réconciliation, de chaleur humaine, ou de valider cette relation passée malgré ce qui s’est mal terminé.
5. Le frelon et le moustique :
Les insectes représentent souvent des pensées ou émotions perturbatrices. Le frelon, menaçant, peut symboliser une peur ou un conflit latent, peut-être ce qui a causé la rupture. Le moustique, plus petit mais sournois (qui pique en douce), pourrait représenter une blessure plus subtile, une petite douleur persistante.
Tu demandes de l’aide (insecticide), et Aude court t’en chercher — ce qui pourrait indiquer qu’une partie de toi pense qu’elle aussi aurait voulu « réparer » ce qui n’allait pas. Le fait que tu parviennes à neutraliser ces insectes peut symboliser que tu reprends contrôle sur ces blessures ou tensions.
Si ce rêve revient ou te marque, c’est peut-être qu’une partie de toi cherche à faire la paix, soit avec Aude, soit avec ce que cette relation représente pour toi (confiance, trahison, amitié, incompréhension…).
4ème Rêve (second de la nuit)
Je me trouvais dans un camp de vacances, à la campagne. Un lieu aux contours flous, vaguement familier, comme une réminiscence modifiée du camping de mon adolescence — celui de mes quinze ans — sans toutefois en être exactement le reflet. Les bâtiments, le terrain, même la lumière semblaient empruntés à la mémoire, mais déplacés, réassemblés autrement.
Il faisait doux. L’air sentait le pin, l’eau tiède et la poussière des chemins battus. J’aperçus Juliette, ma fille aînée, s’éloigner de la piscine. Elle avançait tranquillement, une serviette nouée autour des épaules, ses cheveux mouillés collant à sa nuque. Elle ne m’avait pas vu.
Je me dirigeai vers une chambre pour me brosser les dents. L’espace était exigu, saturé d’objets. Un client de mon travail — pourquoi était-il là ? — avait envahi la pièce. Trousse de toilette, vêtements, affaires éparses : il s’était approprié l’endroit comme s’il lui appartenait. Je peinais à trouver une place pour moi. Tout semblait étrangement déplacé, comme si ma présence dérangeait une organisation tacite dont je ne faisais plus vraiment partie.
Dehors, près de la piscine, des jeunes couraient en criant, pleins d’une énergie bruyante, insouciante. Leur agitation faisait vibrer l’air. J’étais là, un peu en retrait, témoin d’un monde qui ne m’attendait pas, traversé par la sensation discrète mais tenace d’être de trop, ou ailleurs.
Le miroir numérique
Ce second rêve s’inscrit dans une ambiance différente du premier, mais on retrouve des motifs similaires : des lieux du passé, des interactions familiales, et une sensation de gêne ou de décalage. Voici une lecture possible de ses éléments :
1. Le camp de vacances à la campagne :
Les camps de vacances ou campings sont souvent liés à la liberté, à l’adolescence, à une période de transition ou de découverte de soi. Le fait que ce soit "comme celui de tes 15 ans, mais différent » peut indiquer une situation actuelle qui te rappelle ton passé, mais dans un contexte transformé — comme un parallèle entre l’adolescent que tu étais et l’adulte que tu es devenu, peut-être même dans ton rôle de père.
2. Juliette qui quitte la piscine :
Ta fille quitte un lieu souvent associé à la détente, au plaisir, mais aussi à l’inconscient et aux émotions profondes (la piscine = l’eau = émotions). Cela peut symboliser une forme d’éloignement émotionnel ou de prise d’autonomie. Elle s’éloigne d’un endroit récréatif, ce qui peut aussi traduire ton observation de son évolution ou un changement dans votre relation.
3. Se brosser les dents dans une chambre encombrée :
Te brosser les dents, geste d’hygiène personnelle, représente le besoin de se nettoyer ou se préparer mentalement. Le fait qu’un client du travail occupe l’espace montre une intrusion du travail dans ta sphère intime ou familiale, un manque d’espace pour toi-même, ou une difficulté à poser des limites. Cela peut aussi évoquer la charge mentale ou l’inconfort de ne pas pouvoir te recentrer.
4. Les jeunes turbulents près de la piscine :
Ils représentent possiblement une agitation extérieure, des souvenirs de jeunesse ou un désordre émotionnel latent. Ils peuvent symboliser des parties de toi plus spontanées, vivantes, mais aussi perturbantes, ou le monde extérieur qui t’empêche de te sentir pleinement tranquille.
Lecture générale :
Ce rêve semble parler d’un déséquilibre entre ta vie intérieure/personnelle et ton espace occupé par les autres, notamment le travail. Il évoque aussi un regard sur la transmission générationnelle (ta fille, ton adolescence), peut-être une forme de nostalgie ou de réflexion sur le passage du temps.
Tu sembles en quête d’un espace à toi, tranquille et respecté — que ce soit physiquement, émotionnellement ou mentalement. As-tu ressenti récemment un besoin de « souffler », de te retrouver, ou de réorganiser les priorités entre vie perso et professionnelle ?
Si tu veux aller plus loin, on peut relier ce rêve à celui d’Aude pour voir s’il y a un fil conducteur entre les deux.
Voici une lecture transversale entre les deux rêves, en mettant en lumière leurs points communs et ce qu’ils pourraient te révéler ensemble :
1. Besoin d’espace personnel et de réconciliation intérieure
Dans les deux rêves, tu es dans un lieu non familier mais lié au passé (maison d’Aude, camp de vacances) :
Cela évoque une plongée dans des souvenirs ou des dimensions de toi-même que tu revisites. Peut-être une volonté inconsciente de comprendre, guérir, ou retrouver des parts de toi que tu as laissées de côté — une ancienne amitié, un souvenir d’adolescence, une sensation de liberté ou d’appartenance.
Dans chacun :
Tu recherches un objet personnel ou fais une action intime (retrouver un pantalon, te brosser les dents).
Tu es entravée : manque de place, frelon menaçant, présence d’autres personnes qui occupent ton espace.
Ces éléments montrent que tu es en quête de reprendre possession de ton espace intérieur, ton intimité, ta place. Tu sembles avoir besoin de te recentrer après avoir trop laissé d’autres (travail, relations passées, préoccupations) entrer dans ton monde intérieur.
2. Des figures importantes : Aude et Juliette
Aude, amie perdue : peut représenter une part de toi que tu as « perdue », une blessure affective ou une mémoire que tu n’as pas totalement intégrée.
Juliette, ta fille : représente sans doute le présent, la transmission, et aussi un miroir de toi-même adolescent (lien avec le camping).
Entre les deux figures, une ligne du temps se dessine : réparer le passé (Aude), comprendre le présent (Juliette), et retrouver ton centre (toi).
3. Intrusions et agitation
Le frelon, le moustique, les jeunes turbulents, le client qui prend toute la place : toutes ces figures extérieures évoquent des perturbations émotionnelles, des sources de tension ou d’angoisse.
Peut-être ressens-tu une pression extérieure croissante (travail, responsabilités, attentes), et ton inconscient te montre la nécessité de faire le tri, d’imposer des limites et de reprendre le contrôle de ton bien-être psychique.
En résumé :
Ces rêves racontent une histoire intérieure : celle d’un homme qui regarde son passé, son rôle de père, son présent professionnel, et qui cherche à retrouver son espace propre, sa voix, sa clarté.
Ils t’invitent peut-être à :
Réfléchir à ce que tu veux réparer (ou laisser derrière toi) émotionnellement.
Te réapproprier un espace personnel dans ta vie quotidienne.
Trouver un équilibre entre mémoire, relation, autonomie et charge mentale.
5ème Rêve (29 mai 2025)
Je suis seul dans la maison que j’occupais autrefois, du temps de mon mariage. Tout y est calme, figé comme dans une photographie aux couleurs un peu passées. Mon ex-femme n’est pas là. Mes filles non plus. Pourtant, la maison n’est pas vide. Trois adolescentes y séjournent — je ne sais pas qui elles sont exactement. Peut-être des amies de mes filles, ou des présences anonymes, venues peupler ce rêve d’une vie parallèle.
Elles montent se coucher. Le silence revient. Je reste au salon, entouré des meubles d’autrefois, de ces objets familiers qui ne m’appartiennent plus vraiment. Un besoin pressant me prend, et dans cette logique étrange propre aux rêves, je ne me rends pas aux toilettes. À la place, je saisis un pot de bébé. Il est là, à portée de main, comme s’il avait toujours été destiné à cet usage.
Je m’accroupis, je commence à uriner dans le petit récipient. Un geste absurde, maladroit, teinté d’une pudeur enfantine. Et c’est précisément à ce moment-là qu’une des adolescentes redescend, discrète, imprévisible. Surpris, pris de court, je me relève brusquement pour cacher mon geste, pour vider le pot au plus vite. Dans ma précipitation, je le renverse dans le couloir. Un filet d’urine se répand au sol, ridicule et embarrassant.
Je m’active aussitôt, nettoie frénétiquement, le cœur battant. La jeune fille est dans le salon. Elle n’a rien vu, ou du moins je l’espère. Elle semble absorbée ailleurs. Moi, je suis encore courbé, invisible, tentant d’effacer la trace d’un acte à la fois banal et profondément humiliant.
Et dans cette scène silencieuse, presque burlesque, je me tiens comme suspendu entre deux âges — celui de l’autorité et celui de la maladresse — entre le passé d’une maison que j’ai aimée, et l’étrangeté d’un présent qui m’échappe.
Le miroir numérique
Ce rêve, tout en étant simple en apparence, est riche en symbolique. Il semble évoquer des sentiments d’intimité, de vulnérabilité, de solitude, et peut-être un regard intérieur sur ton évolution personnelle depuis ta vie conjugale. Voici une lecture en profondeur :
1. L’ancienne maison familiale, vide
Tu te retrouves seul dans la maison où tu vivais marié, sans ta famille, mais avec d’autres adolescentes inconnues.
Cela suggère un retour symbolique dans ton passé familial, mais avec un sentiment de vide ou de transformation : ce n’est plus ta maison telle qu’elle était. Tu es étranger à cet espace devenu familier mais changé.
Les adolescentes peuvent représenter :
Des aspects de ta part adolescente ou paternelle, en transformation.
Des forces féminines jeunes, peut-être des énergies naissantes ou vulnérables en toi (comme une part de toi en pleine mutation, plus sensible, à protéger).
2. L’envie d’uriner et le pot pour bébé
Uriner est un acte d’élimination : symboliquement, on se libère de quelque chose qu’on ne garde pas.
Mais ici, tu n’utilises pas des toilettes normales, tu choisis un pot pour bébé :
Cela peut refléter un sentiment de régression, de retour à une forme d’impuissance ou d’inconfort émotionnel.
Peut-être un manque d’espace intérieur pour exprimer tes besoins ou te libérer de ce que tu ressens vraiment, comme si tu n’osais pas occuper pleinement ta place.
3. La gêne et l’accident
Le fait de renverser le pot dans le couloir et de vouloir cacher rapidement ton geste indique :
Un sentiment de honte ou de peur du jugement, même dans une situation très intime.
Une volonté de ne pas être vu dans ta vulnérabilité, de « faire propre », de rester présentable aux yeux des autres, même lorsque tu es en difficulté ou embarrassé.
La jeune fille qui n’a rien vu peut symboliser cette part de toi (ou des autres) qui ne te juge pas réellement — c’est toi-même qui te juges le plus sévèrement dans ce rêve.
Sens global
Ce rêve semble parler d’un rapport à la solitude, à la masculinité, à la pudeur émotionnelle, et à ce qu’il reste de toi dans cette ancienne vie familiale.
Il y a :
Un besoin de libération intérieure, mais que tu ne t’autorises pas pleinement.
Un regard sur ton passé conjugal : tu es seul, dans une maison d’avant, avec des présences étrangères.
Un conflit entre le besoin de « faire place nette » et la peur d’être vu dans ta vérité.
6ème Rêve (second de la nuit)
Je rêve d’une maison que je ne connais pas. Elle se dresse, isolée, dans un paysage indéfini, ni tout à fait campagne ni montagne, mais propice aux marches longues et silencieuses. Deux couples y vivent, la cinquantaine grisonnante, deux chiens toujours dans leurs pas. L’un des hommes se dit médecin, mais tout en lui — ses gestes trop sûrs, son regard fuyant — trahit quelque chose de douteux, presque caricatural. Un charlatan, peut-être.
Nous partons tous ensemble en Randonnée. Le chemin est long, poussiéreux. À notre retour, nos corps sont couverts de sueur et de terre, la fatigue collée à la peau. Chacun passe sous la douche, l’un après l’autre, dans une routine familière, presque animale. L’air est chargé d’humidité et de savon.
C’est alors que le faux médecin me cherche. Il me fait signe, m’attire à l’écart, glisse un mot dans mon sac sans rien dire de plus. En le récupérant, mon regard tombe sur le fond du sac, où une étrange créature se cache — une mouche ailée, épaisse, aux reflets sombres, irréelle. Je tente de l’écraser, mon geste sec provoque un sursaut. Le chien, tapi non loin, recule, apeuré par je ne sais quoi — l’insecte, l’énergie du geste, ou ce que le rêve laisse là, suspendu.
Et puis, sans transition, comme cela arrive dans les rêves, elle est là. Marie-Claude. Mon ex-femme. Présente depuis le début, peut-être, mais dissimulée à la périphérie de mon attention. Elle se tient debout, paisible, comme si elle m’attendait. Je la prends dans mes bras, naturellement, sans effort. Une tendresse étrange m’envahit, douce, sans tension. Je lui demande si elle sait que je l’aime — alors que ce n’est plus vrai, plus depuis longtemps, depuis dix ans et la fin officielle de notre histoire.
Elle ne répond pas. Elle m’embrasse. Le rêve s’arrête là, dans cette étreinte décalée, hors du temps. Une scène qui n’appartient ni au passé, ni au présent. Peut-être au regret. Peut-être à rien.
Le miroir numérique
Ce quatrième rêve prolonge les précédents avec une cohérence subtile : la maison inconnue, les personnages symboliques, les éléments corporels (transpiration, douche), une présence féminine marquante à la fin, et surtout, une confrontation intérieure avec des émotions enfouies.
1. La maison inconnue : un espace psychique nouveau
Tu es dans une maison que tu ne connais pas : cela évoque une partie de toi inexplorée, ou une situation de vie actuelle en mutation. C’est un décor où se jouent des relations ambiguës et des énergies douteuses — comme si tu testais des zones encore troubles de ton intériorité.
2. Les deux couples et le médecin-charlatan
Les couples d’âge mûr représentent peut-être des modèles de vie ou de relation auxquels tu es confronté :
Stabilité apparente vs fausse sagesse (le « médecin » charlatan).
Tu sembles en observation d’un système auquel tu ne fais pas totalement confiance.
Le médecin pourrait symboliser une autorité intérieure ou extérieure que tu remets en cause, ou une partie de toi-même qui « fait semblant » d’aller bien — une posture de surface face à une authenticité qui demande à émerger.
1. La randonnée et la douche : purification, fatigue, retour à soi.
Vous partez en randonnée (quête, effort, traversée intérieure), et vous revenez sales, en sueur — cela représente une expérience intense, fatigante, mais aussi transformante. Vous vous douchez ensuite : rituel de purification, de retour à l’essentiel.
Tu passes par un cycle d’effort puis de nettoyage, ce qui montre une volonté de se délester, de faire peau neuve, sans doute après des années de charge mentale ou de vie familiale/intime dense.
4. Le mot dans le sac et la mouche ailée
Un mot dans ton sac = une intention cachée, peut-être manipulatrice ou intrusive.
La mouche ailée dans ton sac peut symboliser :
Une pensée parasite, une mémoire intrusive.
Un doute ou une idée toxique que tu veux écraser.
Le fait que le chien en ait peur est intéressant : les chiens symbolisent souvent l’instinct de protection, la loyauté. Ici, ton instinct te dit qu’il y a un danger ou une influence néfaste à proximité.
5. L’apparition finale de ton ex-femme
Elle n’était pas présente… et soudain, elle est là. C’est très puissant : comme une vérité enfouie qui surgit, inattendue.
Tu lui dis que tu l’aimes, alors que ce n’est plus vrai dans la réalité. Cela peut signifier :
Une ancienne part de toi qui n’est pas « amoureuse », mais qui reste liée émotionnellement à ce passé.
Une projection de ton besoin de réconciliation intérieure, d’être vu, reconnu, et recevoir l’amour que tu n’as peut-être pas reçu à l’époque.
Le baiser final peut être symbolique de clôture, ou d’un désir de paix, de tendresse, de pardon — envers elle, envers toi.
Synthèse
Tous tes rêves récents forment un chemin de retour vers toi-même, à travers des espaces du passé, des figures féminines, des désirs de réparation, et une tension entre contrôle et vulnérabilité.
Ce dernier rêve pourrait résumer :
Une période d’introspection intense, où tu fais face à tes expériences passées avec l’envie de les comprendre ou de les transcender.
Un appel à faire la paix, non pas avec ton ex uniquement, mais avec les parties de toi qui ont aimé, souffert, ou qui se sont perdues en chemin.
7ème Rêve (31 mai 2025)
Je marche dans un espace urbain, mais étrangement déserté. C’est peut-être le crépuscule — cette heure suspendue où la ville semble retenir son souffle, entre deux lumières. Les rues sont larges, grises, bordées d’immeubles dont les fenêtres restent closes. Il y a du silence dans l’air, un silence habité.
Une jeune femme croise mon chemin. Elle s’arrête, l’air pressé mais calme, et me dit qu’elle cherche des toilettes publiques. Je lui réponds que j’en sors à l’instant. Elle me demande si l’endroit est propre, si elle pourra s’y laver les mains. Je lui montre une fontaine toute proche, discrète, adossée à un muret. L’eau y coule doucement.
Elle s’y rend, passe ses mains fines sous le filet limpide, les lave lentement. Puis elle hésite, regarde autour d’elle. Il n’y a rien pour se sécher. Je lui désigne une serviette accrochée un peu plus loin, suspendue à un crochet rouillé. Elle s’approche, la touche du bout des doigts, puis se ravise.
— Elle est humide, dit-elle. Sale, presque.
Elle recule d’un pas, ses mains encore brillantes d’eau. À cet instant, un petit groupe de jeunes passe non loin. Trois garçons, rieurs, d’origine maghrébine. L’un d’eux la désigne, lance une remarque moqueuse. Les autres éclatent de rire, bruyants, un peu cruels — comme peuvent l’être ceux qui cherchent à narguer ce qu’ils ne comprennent pas.
La jeune femme détourne le regard, les bras ballants. Moi, je reste là, à ses côtés, sans un mot. Le jour tombe lentement. La scène s’efface dans une lumière tiède et incertaine, comme si elle n’avait jamais vraiment eu lieu.
Le miroir numérique
Ce rêve s’inscrit dans la continuité des précédents, avec plusieurs éléments clés déjà présents dans tes autres songes : toilettes, propreté, gêne liée au corps, rencontre avec une figure féminine, regard des autres, et un cadre étrange ou en transition (ici : ville déserte au crépuscule).
Voici une lecture en profondeur, ligne par ligne, puis une synthèse symbolique :
1. Lieu citadin, peu habité, au crépuscule
Tu marches dans un endroit urbain, presque désert, entre chien et loup :
Cela évoque un état de transition intérieure, entre deux mondes, deux états. Le crépuscule symbolise souvent une fin de cycle, un passage vers l’inconnu ou vers un monde intérieur plus flou.
Tu es en mouvement, dans un espace collectif (la ville), mais désolé : peut-être une forme de solitude existentielle, de quête de sens ou de présence.
2. La jeune femme et les toilettes publiques
Cette figure féminine te demande où se trouvent les toilettes – lieu d’évacuation, d’intimité, de vulnérabilité. Tu lui dis que tu en sors :
Il se peut que cette jeune femme représente une part de toi-même, plus fraîche, spontanée, curieuse, qui cherche où et comment exprimer son besoin d’éliminer, de se libérer.
Elle demande si elle pourra se laver les mains (purification), et se sécher (retrouver son intégrité propre).
Le fait qu’elle ne trouve rien de suffisamment propre pour le faire est important : c’est comme si elle (donc toi, au fond) ne trouvait pas d’espace intérieur ou extérieur « suffisamment sain » pour se sentir bien, digne, nettoyée.
3. L’eau, la serviette, et le refus
Tu lui montres une fontaine (source d’eau claire, de purification) : geste généreux, apaisant. Mais elle ne veut pas utiliser la serviette humide :
Il y a ici une exigence de pureté, d’hygiène, peut-être un perfectionnisme inconscient, ou une hypersensibilité à ce qui est « sale », inadéquat, impure ».
Cette scène rejoue, symboliquement, la tension entre le besoin de libération/purification et la difficulté à trouver un cadre satisfaisant pour cela.
4. Les jeunes hommes qui se moquent
Des jeunes maghrébins (figures extérieures, sociales) se moquent de cette scène. Ce rire peut représenter :
Un jugement social perçu, la peur du regard des autres quand on est dans un moment fragile ou embarrassant.
Une voix intérieure moqueuse, qui critique la sensibilité, la pudeur, la recherche de propreté émotionnelle.
Sens global
Ce rêve parle, encore une fois, de corps, de propreté, de pudeur, de gêne, d’intimité, mais cette fois projetés dans un cadre social plus large — la ville, le crépuscule, la foule potentielle.
Il évoque :
Une quête intérieure de purification, de clarification, qui n’aboutit pas totalement.
Une gêne persistante face à la vulnérabilité, qui rencontre souvent soit l’imperfection des solutions, soit le jugement extérieur.
Un appel à accepter une forme de « propreté imparfaite », de libération incomplète mais réelle.
Mise en miroir avec tes autres rêves :
Tu revisites sans cesse :
Des espaces où tu es « chez toi » ou presque, mais qui ne sont pas sécurisants.
Des figures féminines vulnérables (ta fille, Aude, ton ex, cette jeune femme).
Des situations où tu veux faire propre, régler, apaiser, mais où quelque chose coince (pot renversé, mouche, serviette humide…).
8ème Rêve (second de la nuit)
Je suis plongé dans un vieux film en noir et blanc, granuleux, au contraste appuyé. L’atmosphère y est dense, pleine de silences lourds, de regards en biais et de dialogues rares mais lourds de sens. Tout semble se passer à la lisière d’un entrepôt ou d’un vieux bistrot parisien oublié, quelque part entre Pigalle et une ruelle qui ne figure sur aucune carte.
À mes côtés, Lino Ventura. Présence massive, regard à la fois dur et juste. Il incarne sans effort ce truand au code d’honneur, ce type qu’on respecte d’instinct. Il me fixe longuement, puis me lance d’une voix grave, presque lasse :
— T’as des couteaux ? Tu sais t’en servir ?
Je hoche la tête. Oui. Il me demande alors d’aller les chercher, de lui montrer. Je m’exécute. La recherche est longue. Je fouille, m’égare dans des tiroirs sans fond, dans des valises de cuir fatiguées, comme si je cherchais moins les couteaux que la mémoire d’un geste oublié.
Je finis par les retrouver : de simples canifs, modestes, ceux que j’utilise lors de mes randonnées. Pas d’arme blanche ici, juste de l’usage modeste, de la pratique discrète. Je les déplie devant lui. Je montre ma prise, la position des doigts, le poids dans la paume. Ventura observe. Il acquiesce lentement, sans mot, comme si l’essentiel s’était dit dans le silence.
À quelques pas, adossé à un mur, Alain Delon assiste à la scène. Jeune, éclatant, presque cruel dans sa beauté froide. Il sourit, moqueur, presque fraternel.
— T’es encore un gamin, murmure-t-il. Fais gaffe, ça dure pas, ces choses-là.
Son avertissement plane, ironique et tranchant. Je le sens plus qu’il ne le dit : le monde ici ne pardonne pas l’innocence.
Et soudain, je me vois.
Je suis à terre, un couteau planté dans le ventre. Mon propre canif. Le sang ne coule pas, mais tout le cadre bascule. Le grain de l’image se trouble. Le film vacille.
Je me réveille sur cette image figée — celle d’une jeunesse poignardée par ses propres illusions.
Le miroir numérique
Ce rêve est très fort, très cinématographique, et extrêmement symbolique. Il joue sur plusieurs couches : l’image, l’identité masculine, le rite de passage, la confrontation avec la mort, et la reconnaissance par des figures “paternelles” ou héroïques. Explorons-le en détail :
1. Le film en noir et blanc
Tu n’es pas simplement dans un rêve : tu es dans un film, en noir et blanc. Cela donne immédiatement un sentiment de distance, de style, de récit déjà codé — presque un archétype.
Le noir et blanc évoque le passé, la mémoire, mais aussi une forme de jugement moral (bien/mal, clair/obscur).
Tu entres dans un mythe masculin, une scène initiatique.
2. Lino Ventura – le truand avec des principes
Lino Ventura, acteur emblématique de la virilité à l’ancienne, dure mais juste, joue un rôle presque mentor ou testeur. Il te demande si tu as des couteaux, des armes.
> Les couteaux représentent ici la capacité à se défendre, à trancher, à agir avec précision. Il te teste : es-tu prêt ? Es-tu un homme ?
Tu réponds que oui… mais tu mets longtemps à les trouver. Ce n’est pas un refus, mais une quête intérieure, presque rituelle. Tu finis par sortir des couteaux simples, de randonnée :
Pas des armes de guerre.
Mais des outils du réel, de la nature, du quotidien.
Ce sont tes armes à toi, celles que tu as forgées dans ta vie, au fil du chemin. Il est satisfait. Il valide ta justesse plus que ta violence.
3. Alain Delon – sourire ironique, avertissement
Delon — autre figure archétypale du jeune homme beau, mais dangereux, cynique, lucide — te sourit. Il dit que tu es trop jeune et te dit de prendre garde.
Cela peut être entendu comme un avertissement du "double", de la part d’ombre narcissique ou séductrice, ou simplement d’une part plus désabusée et expérimentée de toi.
4. Le coup de couteau final – la mort
Tu te réveilles au moment de mourir, un couteau dans le ventre. C’est la scène finale.
Ce n’est pas une punition. Ce n’est même pas forcément une agression.
Cela peut être l’accomplissement d’un rite initiatique, une mort symbolique : celle de ton ancien toi, celui qui n’était pas encore prêt.
Le couteau planté dans le ventre, c’est aussi là où résident les émotions profondes, le “centre de gravité du courage et de la peur” (plexus solaire). Tu meurs peut-être… pour renaître autrement.
Sens global
Ce rêve est un rituel de passage masculin. Tu es :
Jugé (mais avec respect).
Reconnu (par Ventura).
Prévenu (par Delon).
Et finalement “tué” symboliquement — ce qui peut indiquer que tu es prêt à quitter une ancienne identité pour embrasser une autre version de toi, plus consciente, plus affirmée.
9ème Rêve (2 juin 2025)
J’ai rêvé de Corine, la mère d’Audrey. Elle est morte le 24 mai d’un cancer insidieux venu défaire en moins de trois ans ce que la vie avait mis tant d’années à construire. Mon rêve se situe lors de ses quinze jours à l’hôpital, avant un retour à la maison, et la fin, silencieuse, quelques jours plus tard.
Dans mon rêve, elle était là. Présente, paisible, débarrassée de la fatigue, de la douleur. Elle me regardait avec une bienveillance qui m’a troublé. Elle m’a remercié. Pour mes visites, a-t-elle dit. Pour être venu la voir chaque jour. Pour lui avoir offert un gâteau, un à chaque passage, comme un rituel sucré, discret, obstiné. Elle souriait en disant cela. Elle semblait sincère, reconnaissante, presque joyeuse.
Mais je n’y suis allé qu’une seule fois.
Et je n’avais rien apporté.
Je me suis réveillé avec ce poids étrange — pas tout à fait de la culpabilité, pas seulement du regret. Une forme douce de mensonge réconfortant, né du sommeil, comme si le rêve avait voulu réparer ce que le réel avait omis. Un geste que je n’ai pas eu, mais que, quelque part, elle a reçu malgré tout.
Le miroir numérique
Ton rêve semble très chargé émotionnellement. Il est fréquent que nos rêves expriment des sentiments profonds que nous n’avons peut-être pas pu dire ou même pleinement reconnaître dans notre vie éveillée.
Le fait qu’elle te remercie dans ton rêve, malgré ce que tu décris comme une seule visite réelle, pourrait refléter une forme de culpabilité, de regret, ou un désir d’avoir pu faire plus. Mais ça peut aussi être une façon pour ton inconscient de trouver une forme de paix — comme si ton esprit essayait de réparer ou de réconcilier quelque chose en toi.
Le rêve pourrait aussi symboliser ton respect, ton attachement ou ta reconnaissance pour cette personne, même si tu ne l’as pas beaucoup vue à la fin. Parfois, dans nos rêves, les défunts nous apparaissent non pas pour dire ce qui s’est vraiment passé, mais pour transmettre un message émotionnel ou spirituel — ici peut-être un pardon, une reconnaissance symbolique, ou un adieu doux.
Tu n’as pas besoin de t’en vouloir. Une seule visite peut parfois avoir plus de valeur qu’on ne le pense. Et ton rêve montre, au fond, que tu es touché, que tu penses à elle, et ça compte profondément.
10ème Rêve (4 juin 2025)
Audrey m’appelle, et la nuit tremble. Sa voix est douce, mais chargée. Un fil d’eau qu’on entend au loin, un murmure d’attente. « Tu me manques », dit-elle. Et dans le creux de ses mots, je devine les silences trop pleins, les jours qui s’étirent, les heures qu’on épuise à espérer.
Je lui réponds comme on tend les bras à travers un océan : « Bientôt, mon amour. Bientôt, ce ne sera plus qu’un souvenir. »
Et alors, comme si le temps s’était effacé, comme si la distance n’avait jamais existé, je suis là. Allongé contre elle. Dans la pénombre tiède de sa chambre. Sa peau contre la mienne, son souffle qui vacille.
Elle pleure. Mais ce ne sont pas des sanglots de peine. Ce sont des larmes que l’on verse quand on arrive enfin, quand les murs tombent et que le cœur peut, à nouveau, battre sans entrave. Elle se blottit contre moi, tremble un peu, puis se calme.
Je ne dis rien. Je suis là. Et dans ce silence, il y a tout ce que nous avons attendu.
Le miroir numérique
Ton rêve semble profondément lié à tes émotions actuelles, à l’attente, au désir de rapprochement et peut-être à un mélange de joie et d’inquiétude. Voici quelques pistes d’interprétation, si tu veux en tirer un sens :
1. Le manque et la transition
Le rêve met en scène le manque – celui d’Audrey, qui exprime sa tristesse, et peut-être aussi le tien, même s’il s’exprime à travers le soin que tu lui portes. Le fait qu’elle t’appelle et pleure pourrait traduire une peur partagée de l’éloignement ou une impatience intense de vous retrouver.
2. La magie du lien amoureux
L’instant où tu te retrouves « magiquement » dans son lit est très symbolique : cela montre à quel point votre lien est fort, au point que la distance semble pouvoir être abolie par la seule force du désir ou de l’amour. C’est un moment de consolation réciproque.
3. L’anticipation de la nouvelle vie
Ton esprit semble déjà anticiper ton installation en Dordogne. Même si tu ne seras pas tout à fait chez elle, la proximité nouvelle semble rendre réel ce qui est encore du domaine du rêve. Le lit partagé dans le rêve symbolise cette fusion attendue, cette nouvelle intimité concrète.
4. Les larmes : catharsis ou crainte ?
Ses larmes peuvent symboliser plusieurs choses : le soulagement que « ça y est, tu es là », ou encore une peur que cette nouvelle étape ne soit pas aussi simple qu’espérée. Peut-être qu’une part de toi perçoit que cette transition, bien que pleine d’espoir, comporte aussi son lot d’émotions complexes.
11ème Rêve (5 juin 2025)
Je suis encore là, dans ce bureau que je vais bientôt quitter. L’air y est figé, comme si les murs eux-mêmes attendaient ma démission.
Les jours s’égrènent lentement, avec cette sensation étrange d’être déjà parti, tout en jouant encore mon rôle.
Une vieille femme entre, le pas hésitant mais le regard vif. Elle tient dans les mains des papiers froissés, des questions oubliées, un besoin de réponses que je ne peux pas lui offrir. Elle parle d’un contrat d’assurance dont je n’ai pas la clef. Un produit ancien, obscur, laissé derrière par Philippe — celui qui est parti depuis longtemps, et dont l’ombre traîne encore dans les tiroirs.
Je bafouille une promesse molle :
« Je vais me renseigner… Ce n’était pas moi qui m’en occupais. »
Elle acquiesce à peine et va parler à mon patron. Pendant ce temps, moi, je m’enfonce dans ma chaise. Mes paupières sont lourdes, comme lestées de semaines trop longues.
Je somnole.
Et dans ce demi-sommeil, tout devient flou : la lumière blafarde du néon, la rumeur des voix au loin, les dossiers qui s’empilent et que je ne lirai plus. Je suis déjà ailleurs. Mais pas encore tout à fait.
Le miroir numérique
Ton rêve mêle fin de cycle, sentiment d’incompétence passagère, figures du passé, et une forme de retrait intérieur.
Ton rêve contient des éléments très symboliques, et le fait qu’il se déroule au travail, peu avant ton départ, avec l’apparition d’une vieille femme et un sentiment de somnolence, permet d’y voir plusieurs strates de sens.
Voici une lecture en profondeur, structurée en thèmes :
Fin de cycle & détachement progressif
Le décor professionnel est clair : tu es à trois semaines de la fin, donc dans une phase de transition imminente.
La sensation de somnolence au bureau suggère que tu es déjà en train de te déconnecter intérieurement. Tu n’es plus tout à fait là, même si ton corps y est encore. C’est le désengagement émotionnel qui précède les grandes transitions de vie.
La vieille femme : figure du passé, de la mémoire ou de l’autorité douce
La vieille femme peut représenter plusieurs choses :
Une incarnation du passé qui revient demander des comptes, des explications.
Un aspect de toi-même : la sagesse, l’intuition, ou une part plus vulnérable qui cherche à comprendre ou à être prise en charge.
Un archétype universel (la “vieille” dans les rêves est souvent une figure de l’inconscient collectif), qui vient te rappeler quelque chose d’oublié, ou te confronter à une responsabilité abandonnée.
Le contrat d’assurance : engagement ancien, transmission, héritage
Ce contrat dont tu ne connais pas les détails évoque un engagement ou une responsabilité héritée, mais pas assumée pleinement par toi. Le fait que ce soit un produit de « Philippe », un ancien collègue démissionnaire, est très parlant : c’est quelque chose d’ancien, légué, mais désormais étranger à ta fonction ou à ton intérêt.
Cela pourrait symboliser :
Des obligations professionnelles qui ne te concernent plus vraiment.
Ou même des règles de vie, des attentes (familiales, sociales, personnelles) que tu ne veux plus porter.
La somnolence : retrait, refus, ou protection intérieure
Ton endormissement progressif, pendant que d’autres parlent, est très révélateur. Il pourrait indiquer :
Un désintérêt croissant pour ton environnement actuel.
Une fuite douce face à des situations que tu ne maîtrises plus, ou que tu ne veux plus maîtriser.
Ou même une auto-protection, pour ne pas t’impliquer dans des conflits ou des responsabilités qui n’ont plus de sens pour toi.
En résumé : ce rêve semble te parler de…
Détachement émotionnel d’un environnement professionnel.
Remontée du passé sous une forme douce mais insistante (la vieille femme).
Refus ou incapacité d’assumer des éléments que tu ne reconnais pas comme les tiens.
Et surtout, une transition vers un nouvel état d’être, où tu commences à t’autoriser à lâcher prise.
12ème Rêve (6 juin 2025)
Elle attend un enfant. Mon enfant. C’était inattendu, mais dans le rêve, cela allait de soi. Audrey, à bientôt 42 ans, portait la promesse de quelque chose venu de nous deux — pas un projet, pas une parole, mais une vie. Moi, j’allais avoir 56 ans et étais déjà père de deux filles, Juliette et Emma, âgées respectivement de 28 et 24 ans.
Et cependant ce nouvel enfant naquit presque aussitôt, comme si le temps n’avait plus besoin de délai. Il était là. Petit, fragile, lumineux.
Nous le confiâmes à Elsa et Emmanuel, les enfants d’Audrey, 13 et 17 ans. Avec douceur, avec cette autorité tranquille des parents qui savent que ce qu’ils ont mis au monde n’est pas que pour eux, mais pour tous.
« Faites attention, il est encore trop petit », disions-nous. Et leurs mains hésitantes devenaient soudain sûres, pleines d’un sérieux nouveau.
Pépite, la beagle d’Audrey, tournait autour de nous, les oreilles basses, les yeux un peu inquiets. Elle flairait ce qui avait changé. Nous la surveillions, non par peur, mais par amour : nous ne voulions pas qu’elle se sente de côté. Elle aussi faisait partie du cercle. Elle semblait pourtant jalouse.
Dans ce rêve, où rien ne semblait forcé ni pesant, tout s’organisait lentement autour de cette présence neuve. Un bébé, oui. Mais peut-être plus encore : notre vie ensemble, enfin née.
Le miroir numérique
Ce rêve est très riche, à la fois tendre et profondément symbolique. Il mêle l’amour, la recomposition familiale, la parentalité symbolique… et peut-être aussi la crainte douce d’un bouleversement.
Interprétation possible
Un enfant rêvé : symbole d’un nouveau projet de vie
Bien que vous ne souhaitiez pas d’enfant ensemble, le rêve te montre Audrey enceinte et accouchant presque immédiatement. Dans le langage du rêve :
Un enfant ne représente pas forcément un bébé au sens littéral, mais quelque chose de nouveau qui naît entre vous : une vie commune, un nouveau chapitre, une création à deux.
Le fait que la grossesse soit rapide et sans heurt peut refléter la fluidité ou l’évidence de votre engagement. Ce projet naît de vous deux, même sans être charnel au sens biologique.
Les enfants des deux côtés : l’équilibre délicat d’une famille recomposée
Demander à Elsa et Emmanuel de faire attention au bébé reflète peut-être :
Le désir que l’harmonie s’installe entre les enfants de chaque côté.
Ou le souci que le nouvel équilibre n’écrase pas l’ancien.
Même si ce “bébé” n’est pas réel, il pourrait représenter votre couple, ou votre nouveau foyer, que vous demandez aux enfants de protéger ou d’intégrer.
Pépite, la chienne jalouse : gardienne du foyer, mais aussi témoin de changement
Les animaux dans les rêves sont souvent des figures de l’instinct, de l’affectif pur.
Pépite peut symboliser la fidélité au passé, au territoire, ou les réactions émotionnelles non verbalisées.
La peur de sa jalousie montre peut-être une vigilance : que tout ce qui vous entoure (enfants, rythme de vie, environnement) s’ajuste à cette nouvelle donne.
13ème Rêve (second de la nuit)
La maison d’Audrey dormait, vide, comme un corps déserté. J’y entrais sans frapper, guidé par une inquiétude sourde. Il n’y avait personne. Ni elle, ni Emmanuel. Seulement le silence, ce silence épais des lieux abandonnés trop longtemps.
Je portais une robe de chambre en polaire — vieille habitude des matins sans but. Le tissu doux collait à ma peau, comme un souvenir rassurant. Un frisson me prit pourtant. Quelque chose m’attirait vers la cave.
Je descendis.
Et là, dans l’ombre froide, une petite chatte m’attendait. Elle vint à moi comme si elle me reconnaissait. Elle se frotta contre mes jambes, ronronna contre le tissu, enroula son corps souple autour de moi dans un murmure de chaleur et de fourrure.
C’était apaisant.
Jusqu’à ce que surgisse un pigeon, venu d’on ne sait où, battant des ailes dans un tumulte d’angoisse. Avant que je puisse réagir, la chatte bondit. Sa bouche s’ouvrit, anormalement large — démesurée, presque humaine dans sa laideur — et elle engloutit l’oiseau tout entier, d’un seul geste, sans hésitation.
Je restai figé. Quelque chose s’était brisé. Ce qui était doux était devenu monstre.
Je criai, lui ordonnai de recracher l’oiseau, mais elle me défia du regard, puis s’enfuit par une porte latérale.
Je la poursuivis.
J’entrai dans une pièce que je ne connaissais pas. Une chambre, peut-être, mais elle avait l’allure d’une étable. De la paille partout. Un lit défait. Le chaos d’un monde enfantin et abandonné.
Et dans ce décor, Elsa apparut.
Elle me regarda avec une tranquillité désarmante. Elle dit :
— C’est ma chambre. Tu veux jouer avec moi ?
Je la fixai. Elle, l’enfance. Elle, le jeu. Elle, la lumière simple.
Mais derrière moi, dans l’ombre, la chatte était toujours là. Et dans sa gueule, toujours, le pigeon prisonnier.
Alors j’ai dit :
— Pas encore. Pas tant que cette chose n’est pas sortie.
Le miroir numérique
Ton rêve évoque une scène à la fois intime et étrange, avec des éléments symboliques forts. Voici quelques pistes d’interprétation, en tenant compte des symboles majeurs et de leur agencement :
1. La maison d’Audrey : un lieu féminin, intime, absent
Tu entres dans un espace féminin et familier, mais déserté. Audrey et Emmanuel sont absents — figures possiblement parentales, amicales, ou représentant un certain ordre établi.
Ce lieu peut symboliser une part intime, émotionnelle de toi-même, ou encore une relation passée ou présente, un cadre affectif dans lequel tu entres comme visiteur, observateur ou gardien. Chez une femme absente, tu entres dans un espace où le féminin est là mais inaccessible, comme une présence manquante ou en retrait.
2. La chatte : séduction, douceur… puis effroi
L’animal féminin par excellence — la chatte — te colle, se frotte à toi, ronronne contre ton vêtement doux. Cela peut évoquer :
Une recherche de réconfort, de chaleur affective ou charnelle ;
Une part de toi ou de ton imaginaire féminin qui cherche la proximité.
Mais cette douceur bascule soudain dans l’horreur : la chatte engloutit un pigeon d’un trait. L’animal se transforme en créature dévorante, au désir incontrôlable, presque monstrueux. En tant qu’homme, cela peut symboliser :
Une peur du féminin dévorant (l’image de la femme prédatrice, incontrôlable) ;
Une angoisse liée à une relation où la douceur masque une violence ;
Ou, plus introspectivement, la crainte de se laisser happer par des pulsions incontrôlées ou des émotions trop fortes.
Le pigeon, symbole de paix, de pureté ou de liberté, pourrait représenter une innocence perdue, une idée ou un désir sacrifié.
3. La chambre d’enfant et Elsa : l’enfant intérieur interrompt la fuite
Tu poursuis la chatte pour la faire sortir, voulant rétablir l’ordre. Mais tu entres alors dans une chambre désordonnée, pleine de paille, à l’ambiance rustique, presque primitive. Et là, Elsa apparaît, enfant (peut-être une figure connue ou imaginaire), qui t’invite à jouer.
En tant qu’homme, cela peut refléter une confrontation entre ton instinct de contrôle / de rationalité, et ton enfant intérieur, spontané, désordonné, vulnérable.
Tu refuses de jouer tant que la chatte — cette chose monstrueuse et ingérable — est encore là.
Cela indique peut-être que quelque chose t’empêche d’accéder à la légèreté, à la créativité ou à l’insouciance. Tant qu’un certain trouble (pulsionnel, émotionnel, sexuel, ou affectif) n’est pas expulsé, tu ne peux pas redevenir joueur ou paisible.
En résumé
Ce rêve semble te placer dans un espace de tension entre le féminin (désiré, craint, incompris), le contrôle rationnel et l’enfant intérieur. Il pose les questions suivantes :
Que fais-tu de ce qui est doux mais soudain sauvage en toi ou dans l’autre ?
Comment traites-tu ce qui te dépasse ou te trouble (la chatte) ?
Peux-tu redevenir un joueur, un créateur libre, tant que ce désordre n’est pas résolu ?
14ème Rêve (8 juin 2025)
La nouvelle m’est tombée dessus comme une neige soudaine. Pas de cri, pas de larmes. Juste cette phrase : « Il ne reste plus beaucoup de temps. »
J’ai hoché la tête. C’était dit. C’était fait.
Tout semblait alors s’arrêter un instant — les bruits autour, la lumière même. Mais en moi, tout s’est mis à avancer avec une clarté nouvelle. Il n’y avait rien à réparer, rien à gagner. Seulement un dernier choix à faire.
Je n’ai pas demandé de traitement. Pas d’explication.
Seulement ceci :
— Ne le dites pas à Emma. Ni à Juliette.
Je ne voulais pas qu’elles portent ce poids. Pas tout de suite.
Pas maintenant.
Qu’elles vivent encore un peu dans l’illusion de l’éternité, comme le font les enfants, même quand elles sont déjà grandes.
Qu’elles rient sans surveiller leurs jours. Qu’elles m’aiment sans compter.
Je les regarderai, encore, sans qu’elles sachent.
Je les écouterai raconter des choses futiles.
Je répondrai avec la voix d’un homme qui n’a plus peur.
Et puis, un soir, je partirai —
Avec leur insouciance intacte,
Comme un cadeau que j’aurai préservé jusqu’au bout.
Le miroir numérique
Ton rêve, dans sa brièveté et sa densité émotionnelle, agit comme un miroir profond du rôle de père et de la conscience de la finitude. En voici une interprétation symbolique, en couches, à la fois psychologique, existentielle et relationnelle :
1. La maladie comme symbole de transformation
Apprendre que tu es gravement malade et que la fin est proche n’est pas forcément à lire au premier degré. En rêve, la maladie représente souvent un changement inévitable, une transformation profonde, une fin symbolique d’un cycle de vie, de rôle ou d’identité.
Cela peut signifier la fin d’une étape personnelle, la mort d’une version de toi-même — l’homme d’avant, le père protecteur tel que tu t’es connu jusqu’ici.
2. Refuser d’informer ses filles : le sacrifice et l’amour
Ta seule réaction n’est ni la peur, ni la plainte, mais la volonté de protéger Emma et Juliette. C’est un acte d’amour absolu, mais aussi de renoncement.
Symboliquement, cela peut révéler plusieurs choses :
Tu portes seul le poids de tes responsabilités émotionnelles ou familiales, refusant de les partager même dans la douleur.
Tu valorises la préservation de l’innocence de tes filles, leur insouciance, leur paix. Ce rêve reflète peut-être une anxiété de leur transmettre trop tôt la conscience du tragique, ou de troubler leur équilibre.
Le rêve te met en position de passeur silencieux, de père qui accompagne sans alarmer, jusqu’au bout.
3. Le silence comme dernier choix
Le fait de ne rien dire dans le rêve est essentiel. Il ne s’agit pas d’un silence vide, mais d’un silence plein de sens, un espace que tu choisis de préserver :
Le silence du père est ici une forme de dignité, une acceptation tranquille de la perte.
C’est aussi peut-être une manière de rester dans ton rôle jusqu’au bout : le protecteur, celui qui encaisse, celui qui veille en secret.
4. L’angoisse de la postérité émotionnelle
Ce rêve pose aussi une question implicite : Comment veux-tu qu’on se souvienne de toi ?
En refusant de parler de ta fin, tu choisis que l’image que tes filles garderont de toi soit pleine de vie, intacte, non abîmée par la peur ou la tristesse anticipée.
Cela peut refléter une peur d’imposer ton propre effondrement, ou au contraire un désir de rester debout, en figure stable, même dans le départ.
5. Une vision inversée de la filiation
Enfin, le rêve renverse subtilement les rôles. Toi qui es le père, tu redeviens l’homme seul face à la mort, comme un enfant en cachette. Il y a là une fragilité assumée mais non montrée, comme si tu voulais dire :
Qu’elles ne me voient pas tomber. Qu’elles me gardent fort, dans leur mémoire.
En résumé
Ce rêve semble exprimer une grande lucidité sur le passage du temps, une conscience aiguë de la responsabilité paternelle, et une volonté d’aimer jusqu’au bout sans effrayer.
Il parle d’un père en paix avec sa fin, mais pas avec le chagrin qu’elle pourrait semer.
15ème Rêve (9 juin 2025)
Un matin, sans crier gare, je montai dans un train qui devait nous emmener dans l’espace.
Nous étions plusieurs — des amis, du moins je le croyais. Leurs visages m’étaient inconnus, mais ils semblaient attendre de moi quelque chose. Peut-être de l’assurance, peut-être un chemin.
Nous avions réservé un hôtel dans les étoiles, une halte entre deux mondes, grâce à une application sur Terre. Tout paraissait simple, organisé. Nous avions des plans, des billets, des numéros de chambres.
Mais à l’arrivée, quelque chose avait changé.
Le train s’arrêta non pas sur une orbite, mais dans une gare au sud de l’Espagne. Et là, plus rien ne fonctionnait. L’électricité avait disparu. Plus de lumière, plus de GPS, plus de voiture. Le monde moderne s’était dissous comme un mirage.
Il ne restait que la route, nos pas, et les autres.
Ils me regardèrent.
Je n’étais pas le plus fort, ni le plus sage, mais je parlais leur langue. Alors ils m’ont chargé de poser les questions. De demander notre chemin.
Nous avons marché longtemps. Le soleil tapait. Les rues étaient étrangement calmes, comme si tout avait ralenti, ou fui.
Nous nous sommes trompés plusieurs fois. Je me suis trompé. Ce n’était pas la bonne ruelle, pas la bonne colline, pas la bonne gare. Les autres me suivaient pourtant, sans plainte. Je n’ai pas su s’ils me faisaient confiance ou s’ils n’avaient pas d’autre choix.
Finalement, nous sommes arrivés à une nouvelle gare, plus petite, plus ancienne. Elle n’avait rien d’un pas vers l’espace. Juste un homme à l’uniforme froissé, une fatigue douce dans les yeux.
Je lui ai demandé le chemin.
Il m’a répondu sans hésiter, avec des mots simples. Il ne savait rien de notre hôtel, ni du cosmos, mais il indiqua une direction avec calme. Il fallait repartir.
Nous avons marché à nouveau.
Puis je me suis réveillé.
Sans savoir si nous étions arrivés.
Mais avec la sensation que chercher ensemble, dans le noir, valait peut-être plus que d’arriver seul, dans la lumière.
Le miroir numérique
Ton rêve est dense et symboliquement riche, mêlant évasion cosmique, errance terrestre, et quête collective avec un rôle de guide. Voici une interprétation symbolique structurée, suivie d’une suggestion de réécriture littéraire si tu le souhaites :
Interprétation symbolique du rêve
1. Le train pour l’espace : un départ vers l’inconnu
Le train représente souvent en rêve un trajet de vie, un mouvement structuré, planifié. Mais ici, il ne s’agit pas d’un simple trajet : tu prends un train pour l’espace, ce qui change profondément le sens.
Symboliquement, l’espace représente l’inconnu, le transcendant, un désir d’évasion radicale, voire d’accomplissement intérieur ou spirituel.
Le fait que tu sois avec des amis « que tu ne connais pas » évoque peut-être des parties de toi-même encore non identifiées (ou des facettes sociales, psychiques), qui t’accompagnent dans ce processus.
Ce départ vers « l’espace » pourrait symboliser un projet audacieux, une aspiration élevée, ou une quête existentielle, hors des sentiers connus.
2. L’Espagne et la panne d’électricité : rupture avec le plan initial
Arrivé dans une gare espagnole, tout s’effondre : plus d’électricité, plus de GPS, plus de transports.
L’Espagne, terre étrangère mais proche, peut symboliser une aventure contrôlée, une part connue de l’inconnu.
La panne générale signifie une rupture brutale du cadre, une perte de repères, ou une crise existentielle ou logistique.
C’est le moment du basculement du rationnel vers l’instinctif. Il n’y a plus de carte, plus de technologie : seulement les jambes, l’intuition, et les autres.
3. Le rôle du guide : pression et responsabilité
Les autres comptent sur toi pour demander le chemin. Tu deviens leur intermédiaire avec le monde extérieur.
Cela souligne une position de leader malgré toi, ou peut-être un désir d’aider, de guider, ou au contraire une peur de décevoir.
Le fait que vous vous trompiez de chemin reflète l’incertitude, l’apprentissage, l’échec partiel… mais aussi la persistance.
Tu es celui qui parle, qui cherche, qui avance, même à tâtons.
4. La seconde gare : recommencer la quête
La gare finale symbolise une autre bifurcation, un carrefour, où tu demandes ton chemin à un employé. Cette figure peut représenter :
Un aspect de toi plus ancré, pragmatique, qui t’aide à retrouver la direction.
Ou une autorité bienveillante, un repère temporaire.
Le fait de ne pas savoir si vous êtes arrivés à bon port est crucial : le rêve laisse le but en suspens, comme si le sens résidait non pas dans l’arrivée, mais dans le chemin, les détours, et l’effort collectif.
Thèmes majeurs du rêve
Transition intérieure : partir pour un ailleurs (l’espace), c’est peut-être te détacher d’un mode de vie, d’un état d’esprit antérieur.
Perte de repères : panne totale → nécessité de développer une orientation intérieure, plus humaine que technologique.
Responsabilité et solitude du guide : même entouré, tu portes la mission du lien, de la recherche.
Incertitude fondamentale : le rêve se clôt sur une non-résolution, qui reflète souvent un état intérieur encore en mouvement.
16ème Rêve (second de la nuit)
Ce matin — ou peut-être était-ce cette nuit — j’ai marché seul sur la côte d’Azur. Je ne savais pas où j’allais. C’était comme un jour sans nom, dans une ville sans plaque. Le ciel était clair, l’air presque salé, et pourtant quelque chose pesait. Pas un poids lourd… juste cette densité qu’ont les choses quand on s’y perd un peu.
Je suis tombé sur une exposition universelle, posée là, comme un mirage stable : des pays à découvrir, des mondes à explorer, tous rassemblés comme sur un quai de gare. C’était vaste, vivant, presque joyeux. Mais très vite, tout s’est fragmenté.
L’eau avait envahi plusieurs zones. Des rues barrées. Des allées inaccessibles. Les pavillons se noyaient, impassibles. Impossible de passer. Je voulais voir l’Australie. Je ne sais pas pourquoi. Un besoin de distance, sans doute. Un désir d’ailleurs qui respire plus grand que mes jours.
Mais là aussi : route fermée.
Je suis resté là, un peu perdu, sans colère. Juste dans l’observation. Et c’est à ce moment qu’elle est apparue.
Une femme, blonde, belle. Elle marchait seule, elle aussi. Nos regards se sont croisés. Je lui ai parlé, presque sans réfléchir. Elle m’a raconté qu’elle venait de New York, qu’elle avait atterri à Mulhouse-Bâle, qu’elle était passée par là avant de venir car une amie à elle vivait en Alsace. Le monde s’est contracté. Mulhouse. Mon point d’origine. Comme si l’univers avait dessiné une boucle discrète pour me faire revenir à moi-même, mais à travers quelqu’un d’autre.
Nous avons parlé tranquillement, et le décor a changé, sans que je sache quand ni comment. J’étais dans sa voiture. Le soir tombait. Nous étions garés devant une boîte de nuit et elle m’a dit qu’on allait danser. Que ça lui manquait. Elle avait déjà été ici, mais une amie à elle n’avait pas voulu entrer à cause d’un petit ami trop jaloux.
Elle, non. Elle n’avait pas peur. Et à ce moment précis, moi non plus. Je n’ai pas su si nous sommes entrés. Je me suis réveillé là, suspendu au bord du mouvement.
Mais ce que je retiens, ce n’est pas l’exposition manquée, ni les routes inondées. C’est cette sensation — rare, silencieuse — que parfois, quelqu’un vous trouve là où vous ne cherchiez plus rien.
Et que même si les chemins sont barrés, on peut toujours danser.
Le miroir numérique
Interprétation symbolique du rêve
1. Une quête de découverte contrariée
Tu es en voyage, seul, sur la côte d’Azur, à visiter une exposition universelle — une métaphore évidente d’ouverture au monde, à la diversité, aux expériences, à la nouveauté.
Mais les chemins sont bloqués, inondés : une image classique d’empêchement émotionnel ou existentiel. Tu cherches à explorer, à connaître plus, mais quelque chose t’arrête, te freine, t’empêche d’atteindre ce que tu vises — ici symbolisé par l’Australie, pays lointain, vaste, libre, parfois associé à l’aventure ou à l’évasion.
2. La femme inconnue : l’autre comme miroir et ouverture
L’apparition de la femme blonde venue de New York marque un basculement dans le rêve. C’est une figure de l’inattendu, du cosmopolitisme, de la beauté libre.
Sa trajectoire croise la tienne de manière improbable, mais parfaite. Et surprise : elle vient de Mulhouse-Bâle, connaît ton territoire. C’est comme si le lointain faisait retour dans l’intime, comme si l’étranger t’amenait… à toi-même.
Elle incarne aussi une forme de liberté féminine : elle conduit, elle parle de jalousie amoureuse chez les autres, mais elle, veut danser, vivre, partager.
3. La discothèque : lieu de transformation
Elle t’amène devant une boîte de nuit, lieu symbolique fort dans les rêves. C’est l’espace du corps, du mouvement, de la sensualité, mais aussi du lâcher-prise, du passage entre les mondes.
Tu es à la frontière entre l'intellect (l’exposition universelle) et l’instinct (la danse), entre la parole et le geste, entre la solitude du voyageur et le partage vivant.
17ème Rêve (10 juin 2025)
Le hangar est loin de tout. Mon véhicule y est garé, à l’abri, comme enfermé. Devant, trois voitures barrent presque la sortie. L’une est en travers. Malgré tout, j’arrive à glisser la mienne hors du piège. Une voix, quelque part : “Heureusement, il sait manœuvrer.” Mais une sensation me saisit. Quelqu’un me suit. Je ne suis pas bien. Comme ivre, ralenti, presque anesthésié. Je roule au pas, je sens le danger. Alors je bifurque, m’éloigne, cherche refuge sur un autre parking. Grand, vide, nocturne. J’arrête le véhicule, décide de dormir un peu. Une lumière, soudain, derrière la vitre. Une torche. Je ne sais pas si c’est un policier ou un rôdeur. Peut-être est-ce l’homme du hangar. Peut-être m’a-t-il drogué. Peut-être voulait-il l’accident. Et maintenant que je lui ai échappé, il revient, frustré. Il s’approche. Il lève la main. Il va briser la vitre. Je me réveille.
Le miroir numérique
Tu te souviens du hangar, mais il n’est pas seulement un lieu. C’est un état de retrait, un abri, peut-être même un enfermement. Ton véhicule, c’est toi. Ta capacité à agir, à décider, à te déplacer dans le monde. Et déjà, d’autres présences bloquent ta route — sans visage, sans nom, mais pesantes. Elles t’empêchent de sortir. Et pourtant tu sors. Tu manœuvres.
Ce mot est important. C’est ce que tu fais souvent dans la vie : tu ne fonces pas, tu ajustes, tu te faufiles, tu t’adaptes. Et cela marche. Jusqu’à ce que quelque chose t’échappe. Ce rêve raconte le moment où la lucidité se brouille. Quelque chose t’intoxique — pas forcément une substance. Un doute, une peur, un climat psychique.
Tu continues d’avancer, mais lentement. Tu cherches un nouvel espace, un terrain ouvert. Un parking de supermarché vide la nuit : c’est tout ce qui reste de la ville, mais déserté. Tu veux t’arrêter, reprendre ton souffle. Et c’est alors que le passé te rattrape.
La torche dans la nuit est un symbole puissant. Elle éclaire, mais n’éclaire pas pour toi. Elle te vise. Elle te juge. Elle veut t’atteindre. Elle appartient peut-être à l’ombre du hangar. Ce double menaçant, frustré que tu sois sorti indemne, revient réclamer sa part.
Tu te réveilles au seuil de la rupture. La vitre va céder. C’est ton propre espace intérieur qui est menacé. Peut-être parce que tu te sens observé, scruté, ou simplement trop exposé — même dans tes retraits. Il ne t’atteint pas. Pas cette nuit. Mais il reviendra, sous d’autres formes. Car c’est cela, le travail du rêve : revenir, encore, jusqu’à ce que tu voies clair à travers la torche.
18ème Rêve (12 juin 2025)
Je suis avec Marie-Claude, mon ex-femme. Nous sommes dans les Vosges alsacienne, au pied de la colline où se trouve, là-haut, la ferme familiale vide depuis le décès de son père et le placement en maison médicale de sa mère. Je connais parfaitement la route sinueuse qui y mène, mais elle a disparu. À sa place : une paroi abrupte, quasi infranchissable.
Je me sens faible, et j’entends la voix de Marie-Claude qui m’encourage à grimper. Elle me parle doucement, avec une chaleur qui vient d’avant. Je lui dis que je vais essayer, parce qu’aujourd’hui est le dernier jour. Après, la neige recouvrira tout et bloquera l’accès pour l’hiver.
Je commence l’ascension, mais je n’ai pas la force. Au bout de quelques mètres à peine, je lui dis que je dois redescendre, que je suis trop faible.
Alors je chute. Dix mètres plus bas.
Je me demande si je suis mort. Et je me réveille.
Le miroir numérique
Tu retournes dans un paysage ancien : la montagne des souvenirs, la terre natale d’un amour devenu passé. Là-haut, la ferme — lieu déserté, mais encore chargé d’échos. Tu y retournes accompagné de celle qui fut ton épouse, figure du lien ancien, complice autant que témoin d’une époque révolue.
Mais la route a disparu. Ce chemin que tu connaissais, qui t’était familier, s’est effacé. Tu n’y accèdes plus comme avant. Maintenant, il faut escalader : faire un effort nu, brut, vertical. Cela te demande une force que tu ne possèdes plus. Ou que tu crois ne plus posséder.
Tu es au pied de ton histoire.
Marie-Claude t’encourage. C’est peut-être sa voix réelle — ou celle que ton esprit lui prête, une projection de ton propre désir d’y retourner, de comprendre, d’atteindre quelque chose de figé là-haut.
Mais il y a urgence : la neige approche. Le temps va figer la montagne, la bloquer pour tout l’hiver. Tu sens que c’est ta dernière chance.
Et pourtant, ton corps — ton rêve — dit non. La fatigue est plus forte. Tu veux redescendre. Et tu chutes. Non pas une glissade, mais une chute franche, verticale. Une reddition.
Et cette question : suis-je mort ?
Non. Tu t’éveilles.
Mais symboliquement, tu viens de vivre une chute dans l’inaccessible. La ferme, là-haut, pourrait être le passé figé, le souvenir familial, ou même une forme d’idéal relationnel perdu. Tu veux y retourner, ne serait-ce qu’un instant, avant qu’il soit trop tard. Mais tu n’en as plus l’élan. Peut-être parce qu’en toi, une autre partie sait : ce sommet ne t’est plus destiné. Tu as déjà vécu là-haut. Il ne reste que la neige.
Il y a dans ce rêve un adieu discret, mais profond. Pas à Marie-Claude seulement, mais à ce qui, en toi, voulait encore retrouver cette ancienne altitude.
Tu ne meurs pas.
Tu reviens à toi, dans l’éveil.
Et tu sais maintenant que certains chemins, quand ils s’effacent, ne demandent plus d’être gravis — seulement d’être respectés.
19ème Rêve (13 juin 2025)
Je suis chez Marisa, en Espagne. Elle est au travail. Silvia et Luis sont à l’école. C’est l’heure de déjeuner, et tout ce que je fais, c’est faire chauffer de l’eau. Rien d’autre.
Je regarde par la porte vitrée : son balcon est très sale, recouvert de poussière, d’insectes morts. Je décide de le nettoyer. J’essuie, je balaie, je soulève les petits jouets de Silvia, sa fille, pour les dégager de la saleté.
Puis la famille revient à la maison. Je m’excuse de n’avoir rien préparé à manger, de n’avoir que nettoyé.
Marisa pose alors une grande saucisse crue dans l’eau frissonnante. Elle me dit que ce n’est pas grave.
Le miroir numérique
Ce rêve, à première vue paisible, cache un mouvement discret de réparation, de soin, presque de pardon. Tu es dans une maison étrangère, mais familière. Chez Marisa. Pas seulement un lieu réel : un espace d’intimité, d’hospitalité, peut-être aussi de tendresse éloignée.
Elle est absente, au travail — comme si la vie, le monde actif, te laissait un espace vide. Tu es seul avec le quotidien : une maison, des enfants absents, une cuisine silencieuse. Et tu n'agis pas tout de suite. Tu fais frémir de l’eau — un geste suspendu, neutre, comme si tu préparais quelque chose… mais sans aller au bout.
Puis ton regard se porte sur le balcon sale : cet espace à moitié extérieur, à moitié intérieur, jonché de poussière et de morts minuscules. Insectes desséchés, jouets oubliés. Tu entreprends de nettoyer, de redonner clarté, d’ôter la couche du temps et du négligé. C’est un geste humble, presque effacé. Tu ne fais pas le repas — mais tu rends au lieu une forme de dignité. Et tu sauves les jouets de Silvia. Tu touches là à quelque chose de plus profond : une attention portée à l’enfance, à la mémoire, à la trace vivante.
Quand la famille rentre, tu t’excuses. Tu dis que tu n’as presque rien fait. Mais Marisa te répond avec simplicité : elle complète ton geste. Elle dépose la nourriture dans l’eau que tu as fait bouillir. Elle transforme ton attente en repas. Ton soin devient accueil.
Ce rêve parle d’équilibre : entre agir et laisser faire, entre nettoyer l’ancien et nourrir le présent. Tu n’étais pas inactif : tu préparais l’espace pour qu’il soit vivable, habité, propre à l’amour ou à la présence. Tu as ôté ce qui restait de vieux et de mort, et elle y a ajouté le vivant.
Il n’y a ni conflit, ni reproche. Juste un geste commun, réparti entre vous deux. Le soin d’un espace partagé, et une parole tranquille : “Ce n’est pas grave.”
Peut-être est-ce un rêve de réconciliation, discret, presque invisible. Avec Marisa. Avec l’idée d’un foyer. Ou simplement avec toi-même.
20ème Rêve (15 juin 2025)
Je suis au bureau. C’est mon dernier jour. Je pars, pour de bon, pour la Dordogne.
Une femme vient me voir — elle travaille chez Axa. Elle parle à Christophe, mon patron, qui lui annonce mon départ.
Elle me regarde avec une douceur inattendue, me dit qu’elle me regrettera. Puis elle m’embrasse sur les joues. Ce n’est pas un geste banal, mais tendre, presque intime.
Pendant ce temps, Christophe n’est plus là. Il a changé d’étage, de place. Il m’appelle au téléphone, mais ses mots sont confus. Je n’y comprends rien. Il parle vite, flou, comme s’il faisait exprès. Et il rit.
La femme à côté de moi me demande ce qu’il veut.
Je lui dis : “Je ne sais pas. Il n’articule pas.”
Le miroir numérique
Tu es à la veille d’un départ. Ton dernier jour. Cela ne se passe pas dans un lieu inconnu ou fantasmatique, mais dans ton bureau — cet espace concret de productivité, de routine, de responsabilités. Ce lieu, pourtant réel, devient dans ton rêve un théâtre du passage, de la clôture, presque de l’adieu.
La Dordogne t’attend. Dans le rêve, elle n’apparaît pas, mais elle est là comme une promesse silencieuse : un ailleurs, une terre plus profonde, plus enracinée, plus personnelle. Et ce que tu quittes ici, ce n’est pas seulement un travail : c’est une époque.
La femme d’Axa incarne une reconnaissance simple et douce. Elle ne s’attarde pas à l’administratif : elle t’embrasse. Elle te regrettera. Il y a dans son geste une humanité nue, une chaleur inattendue, presque réparatrice. Elle met du baume sur ton départ, là où d’autres te laisseraient partir sans un mot.
Christophe, lui, s’éloigne. Il monte d’un étage, mais aussi s’enfonce dans l’incompréhensible. Il t’appelle, mais sa voix n’a plus de sens. Elle devient un bruit. Il te parle, mais tu ne peux plus traduire. Il rit — est-ce moquerie, gêne, ou refus de te dire adieu clairement ? Peut-être est-ce sa manière à lui d’échapper à l’émotion du départ.
Et toi, tu ne comprends plus la hiérarchie, tu n’entends plus le langage du pouvoir, ou de la distance professionnelle. Tu es déjà ailleurs, à demi déjà parti. Reste près de toi cette femme qui te demande ce qu’il dit — et tu dois répondre que tu ne sais pas. C’est une forme d’incommunicabilité finale : le lien est rompu, les voix ne se rejoignent plus.
Tu quittes un monde où les signes se brouillent, mais tu le quittes sous le signe d’un geste doux, presque affectueux. Tu pars dans une ambiguïté tendre : entre gratitude et distance, entre reconnaissance et silence. Ce rêve t’enseigne cela : parfois, la fin d’un cycle ne passe pas par de grandes phrases ou des adieux clairs. Parfois, il n’en reste que le flou, un rire lointain, et deux baisers sur la joue.
21ème Rêve (17 juin 2025)
Je suis dans un bar, à Paris. Il y a mon frère Luc avec moi. Quelque chose est étrange : il a des cheveux gris. Dans la réalité, il est chauve.
Nous parlons, tranquillement. Je veux commander à manger, mais Luc me dit que rien ne presse.
Un serveur s’approche. Il salue mon frère en lui faisant la bise. Luc me dit que c’est une vieille connaissance, qu’il ne l’avait pas revue depuis des années.
Puis, curieusement, le serveur s’en va. Il quitte le bar.
Le miroir numérique
Un bar à Paris. Lieu de passage, de paroles légères, de rencontres suspendues dans le temps. Tu es avec Luc, ton frère — mais il n’est pas tout à fait lui-même. Il porte une chevelure grise, là où tu sais qu’il n’a plus de cheveux. Ce détail crée un léger glissement de réalité, un effet de distance. Il est lui — et déjà un autre.
Peut-être est-ce le signe d’un temps superposé, où passé et présent se mélangent. Ce rêve ne se place pas dans un présent pur, mais dans une zone intermédiaire, comme si tu regardais ton frère à travers le voile du souvenir ou du devenir. Il a vieilli dans ton rêve, ou bien tu le vois tel qu’il aurait pu être.
Tu veux manger — nourrir quelque chose, combler une attente, une faim. Mais Luc te dit : “rien ne presse”. Il délaye l’urgence, t’invite à rester dans l’instant. C’est une parole douce, mais qui contient peut-être une part d’évitement.
Puis surgit un ancien lien : le serveur, figure secondaire mais touchante, reconnaît Luc. Il lui fait la bise. Entre eux passe un souffle de reconnaissance ancienne, une mémoire affective que tu ne partages pas. Tu es témoin d’un lien qui t’échappe. Ce n’est pas toi qu’il salue, mais ton frère.
Et aussitôt, ce personnage disparaît. Il ne sert pas, ne parle pas davantage. Il quitte le bar, comme s’il n’était venu que pour souligner une absence, ou réveiller une trace.
Ce rêve parle de ce qui revient, puis repart. Des visages qu’on croyait perdus, des histoires que l’on ne raconte pas jusqu’au bout. Peut-être aussi d’une forme de complicité fraternelle partielle, marquée par des écarts — chacun ayant ses souvenirs, ses passés. Et toi, au milieu, en attente d’un repas, d’un geste qui ne vient pas.
Tu te tiens là, entre deux hommes qui se retrouvent et se perdent aussitôt. Entre un frère qui ralentit le temps, et un serveur qui l’emporte. Ce rêve est comme un demi-verre sur une table de bistrot, plein de silence et d’attente.
22ème Rêve (18 juin 2025)
Je suis avec Marie-Claude, mon ex-épouse. Nous sommes déjà divorcés.
J’ai rendez-vous chez elle pour récupérer mes filles, Emma et Juliette.
Curieusement, elles sont toutes petites, encore enfants.
Puis, soudain, Marie-Claude est dans la voiture avec moi.
Je lui dis que je dois m’arrêter quelque part : un client à moi roule sans assurance. Il n’a pas pu s’assurer. C’est un pauvre gars, il est à mobylette.
Nous nous arrêtons à l’écart de la route, sous des saules pleureurs qui dissimulent notre véhicule. Quelqu’un arrive — mais ce n’est pas lui. C’est une autre personne, qui veut s’assurer également.
Nous partons ensemble dans un lieu inconnu, au milieu d’une foule mouvante.
Puis je dis à Marie-Claude que ce n’était pas lui que j’attendais. Je pars chercher le gars à la mobylette.
Je le retrouve.
Mais nous ne retrouvons plus ni mon ex, ni mes filles, ni l’autre homme.
Le miroir numérique
Ce rêve tisse une fugue de responsabilités, d’attachements anciens et de disparitions progressives. Il commence par une scène simple, presque banale : tu retrouves ton ex-épouse pour prendre tes filles. Mais très vite, le réel se déplie, se morcelle. Les identités se floutent, les rôles s’emmêlent.
Emma et Juliette sont redevenues petites — comme si, en rêve, tu cherchais à retrouver quelque chose de plus pur, plus fragile, un âge où elles dépendaient encore entièrement de toi. La mémoire onirique te permet cette reconfiguration temporelle, mais c’est aussi une nostalgie incarnée.
Puis Marie-Claude t’accompagne, sans qu’on sache pourquoi ni comment. Vous voilà dans la même voiture, comme autrefois, mais après la rupture. C’est une proximité spectrale, empreinte de calme mais aussi d’étrangeté. Elle n’est plus ta compagne, mais elle est là. Témoin d’un détour.
Car tu dois aller aider quelqu’un d’autre : un pauvre gars, un oublié du système, sans assurance, en mobylette. Un homme frêle, en marge, dont tu assumes la charge morale. Ce n’est pas seulement un client — c’est une figure du vulnérable, du retardataire, du “trop peu” ou du “trop tard”. Et tu veux le retrouver.
Mais, comme souvent dans tes rêves, les plans se brouillent. Une autre personne apparaît, fausse attente, faux miroir. Tu pars avec lui, tu t’enfonces dans une foule indistincte, un lieu “inconnu”, comme si le réel devenait un marché, un flux, un territoire de pertes.
Et lorsque tu te rends compte de l’erreur, que tu retrouves enfin le bon homme, celui qui était attendu… il est trop tard : Marie-Claude, les filles, et même l’autre sont introuvables. Tu as poursuivi une justesse éthique — et perdu les tiens.
Ce rêve pourrait être une parabole douce-amère de ton propre rapport à la loyauté, à la réparation, à la tension constante entre ce que l’on doit aux autres et ce que l’on perd en chemin. Tu cherches à réparer un tort social, à être juste — mais la vie intime s’évanouit.
Les saules pleureurs cachent votre voiture, comme un rideau de théâtre ou de deuil. Ils te placent hors du visible, dans un monde où tout est dérobé, puis effacé.
Tu finis avec le bon homme, mais les tiens ont disparu.
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